Le Club des cinq, une série culte et classique de la littérature jeunesse, au moins pour ceux de ma génération, ceux qui usèrent leurs fonds de culottes sur les bancs de l’école primaire durant les sixties.
Les classiques ne se démodent jamais et celui qui les a lus une fois éprouve toujours un vrai plaisir à les redécouvrir. Lorsque le lundi 21 août 2017 en feuilletant le programme télé, j’ai vu que la chaîne 6ter diffusait le soir deux films adaptés de l’œuvre d’Enid Blyton, je m’en suis réjoui et je les ai préférés à toutes les autres propositions.
Sans fausse honte malgré mon âge d’aujourd’hui. Sans doute suis-je resté un grand enfant. Tant mieux. La faculté de me projeter dans des univers parallèles contribue à ma faculté d’écrire des romans et nouvelles, dont certains destinés principalement à la jeunesse. Quand j’étais gamin, ma génération traitait volontiers la précédente de croulants. Puisse l’imagination me préserver – au moins encore quelques années – d’être vu par les jeunes d’aujourd’hui comme un vieillard gaga. En tout état de cause, ceux qui snoberaient mon plaisir à suive un film destiné aux enfants ne sauraient m’ôter le bonheur ressenti devant mon écran !
Les aventures du Club des cinq, de vrais polars
Compatriote d’Agatha Christie et de Sir Conan Doyle, Enid Blyton a su accommoder tous les ingrédients d’authentiques polars. Les héros s’efforcent de dénouer une intrigue. Les fausses pistes risquent de les égarer et le méchant n’est pas forcément celui qui attire les soupçons à priori. Les héros se mettent en danger au cours de leurs enquêtes. Parfois, un tiers qui devient leur ami apporte une aide précieuse. Et surtout, l’auteur crée une atmosphère particulière qui enchantera les lecteurs – ou spectateurs – qui s’identifieront aux personnages.
Les héros principaux, deux frères d’âge proche, une sœur un peu plus petite, et leur cousine, du même âge que le frère cadet. Sans oublier Dagobert, le chien le plus intelligent du monde. L’aîné se révèle le plus mûr et le plus raisonnable du groupe. La fratrie s’entend bien et l’aîné se montre protecteur avec ses cadets. La cousine se révèle plus sauvage au départ, mais son caractère s’adoucira au contact de ses cousins avec lesquels ellea noue une amitié très forte. Dagobert est son chien, ou plutôt, elle est son humain préféré pour toujours.
Les films diffusés par 6ter respectent globalement les personnages créés par Enid Blyton. La réalisatrice les a adaptés à l’époque contemporaine. L’environnement automobile des adultes intègre un Land-Rover à la place des grosses américaines noires qui plaisaient tant aux méchants avant. Les personnages utilisent désormais des téléphones portables et on verra Mick rouler sur un quad dans une propriété privée. Impossible dans les versions des années 60. L’adaptation ne choque pas. Pas plus que les petites modifications apportées aux caractères des héros.
J’avoue que mon préféré dans le Club des cinq était Mick. Je l’ai reconnu malgré ses chaussettes et une mémoire particulière qui n’était pas mise en avant dans les versions initiales de l’écrivaine anglaise.
Des valeurs réconfortantes
Le Club des cinq a toujours mis en avant des valeurs positives, l’amitié, la fidélité, la loyauté, la sincérité, le courage. Ses membres possèdent tous des cœurs aussi purs que le chien Dagobert. Des scènes touchantes soulignent la complicité de Mick et François. Tout homme aimerait avoir un frère comme eux. Toute femme serait enchantée de la présence dans sa famille de sœurs ou cousines ressemblant à Annie et Claude. Et quel commentaire concernant Dagobert, pensez-vous ? Un chien attachant et doté de toutes les qualités. Mais il est plus facile de trouver un compagnon aussi génial que Dagobert dans la gente canine que des frères, soeurs ou cousins aussi généreux que les humains racontés par Enid Blyton. Nos amis les chiens ne pensent qu’à nous rendre heureux et nous sommes toute leur vie. Les relations humaines se révèlent pus complexes et parfois moins durables. Car malgré l’arrogance des humains, les chiens nous sont supérieurs dans les qualités de cœur.
Les personnages du Club des cinq sont-ils trop parfaits ? Personnellement, je ne le pense pas. Ils possèdent certes des qualités qui ne sont pas données à tout le monde, mais aussi des faiblesses et travers qui les rendent humains, crédibles. Vous le découvrirez en visionnant les films ou en relisant les romans. Certains détracteurs avanceront que les jeunes d’aujourd’hui ressemblent davantage aux vedettes de la téléréalité qu’à François, Mick, Claude et Annie. J’espère qu’ils se trompent. Ce serait affligeant. La solidarité des cinq contraste agréablement avec les trahisons qui constituent la base des jeux de la téléréalité. Le club des cinq dépassé face à une société qui a évolué ? Peut-être, pas partout, pas tout le temps cependant. La mesquinerie et la petitesse n’ont pas encore conquis toutes les relations humaines. S’entendre avec ses proches, agir avec eux dans le but d’aider des personnes qui le méritent et d’empêcher des individus néfastes de nuire, ces comportements ne sauraient se voir qualifiés d’obsolètes. Je conclurai qu’à mon humble avis, une bonne fiction, c’est tout simplement celle qui fait plaisir à ceux qui la découvrent ou redécouvrent. Au-delà des modes, indépendamment de tout snobisme ou dictature intellectuelle correspondant à une sorte de bien-pensance dont il serait impossible de s’écarter lors des dîners en ville.
Existe-t-il s’ailleurs une fiction jeunesse dont les adultes seraient incapables de comprendre pas les codes ? Si certains livres et films s’adressent à des personnes ayant acquis une certaine maturité, je ne suis pas certain que le contraire se vérifie. Une confidence de l’amie la plus proche de mon père pendant ses dernières années de vie, sans doute la femme la plus sincère avec lui à cette époque, s’est imprimée dans ma mémoire et me conforte dans cette conviction. « Ton père a été l’homme le plus remarquable que j’ai connu. Il se rappelait qu’il avait été un enfant et le racontait avec plaisir ». Quand je me replonge dans le passé jusqu’à mon adolescence et mon enfance, je me rappelle en effet qu’il rapportait avoir été un lecteur passionné des romans scouts, de la saga du Prince Éric par exemple, et qu’il partageait volontiers mes lectures de jeune, du Club des cinq à Tintin, des albums BD de Michel Vaillant et Jari au roman Formule 1 écrit par Jean Périlhon (cf http://bit.ly/1NBHjPr ). Sans doute que, « au-delà de nos différences », d’une mauvaise personne qui nous ont éloignés, nous nous ressemblions « Sang pour sang » finalement. En tout cas, les fictions créent des occasions de partage entre les générations, elles provoquent des échanges, des rapprochements. Et des femmes respectables estiment que se rappeler son enfance fait partie des qualités les plus remarquables chez un homme adulte. Les fictions destinées à la jeunesse sont avant tout intergénérationnelles. Alors, chers amis lecteurs, pourquoi se priver de profiter à nouveau de celles qui nous ont enchantées lorsque nous étions à l’aube de nos existences ?
QUELQUES LIENS
Les films du Club des cinq sont disponibles en DVD https://www.amazon.fr/Club-Cinq-trilogie-p%C3%A9ril-pirates/dp/B00YO2VAAO
Que sont devenus les héros du Club des cinq ? Peut-être vivent-ils aujourd’hui dans l’univers rapporté ICI http://bit.ly/2fLTRHU
L’atmosphère automobile de romans d’avant (avec la grosse américaine noire des bandits dans les romans du Club des cinq http://bit.ly/2dN78Mk
Autre incontournable des enfants de 7 à 77 ans, Le journal de Tintin qui a 71 ans en 2017 http://bit.ly/2bYa2io
Ronnie, né pour devenir un héros de BD pour les jeunes de 9 à 99 ans (et plus) http://bit.ly/2bAFnbr
Thierry Le Bras