De nombreux livres traitent de l’automobile dans tous ses états. Et comme la voiture n’est pas ingrate, elle rend parfois la politesse. Autrement dit, certaines autos ne se contentent pas de figurer dans les livres. Elles affichent les couleurs d’ouvrages ou de personnages de fiction.
A ce jeu, le visuel des bandes dessinées s’adjuge la position de pointe. Il y a 30 ans, un personnage peu sympathique apparaît sur les portières de la Renault R11 Turbo d’un pilote de Rallycross. Dans les albums de René Goscinny et André Tabary, le grand vizir Iznogoud rêve de devenir calife à la place du calife Haroun El Poussah. Le grand vizir, que le calife fort naïf appelle fréquemment mon bon Iznogoud, n’est pas un homme honorable... Il fomente sans arrêt des plans machiavéliques dans le but de devenir le chef absolu de Bagdad. En vain. Nous sommes dans la fiction. La vilénie d’Iznogoud se retourne contre lui et ses complots échouent. Pas sûr que dans la vraie vie dont font partie les sports mécaniques, les tricheurs ne profitent pas de leurs forfaitures. Sur la R11 Turbo de Rallycross, le grand vizir promet un châtiment terrible à tout pilote qui essaierait de le doubler. Je vous rassure, aucun adversaire ne finit empalé par le méchant. Et pourtant, la R11 Turbo soutenue par Renault Angoulême qui œuvra pour le festival de la BD ne remporta pas toutes les courses, ce qui signifie que des rivaux osèrent défier Iznogoud. Ils ne prirent sans doute pas ses promesses de politicien au sérieux, cédant à l’humour de Goscinny transposé dans l’univers du Rallycross !
Quel auteur de fiction automobile n’a pas rêvé de voir ses héros engagés dans une vraie course ? Guillaume de Saint-Pierre a approché ce rêve absolu. Le roman Pilotes de course est aussi le scénario d’un feuilleton télévisé qui fut diffusé à une heure de grande écoute sur Antenne 2 en 1975. L’intrigue tourne autour d’Alain Fory, un jeune pilote amateur plein de talent mais les poches vides. Il débute en rallye avec une Dauphine préparée par ses soins. Je ne dévoilerai pas la fin de l’histoire mais les lecteurs et téléspectateurs le verront associé à un grand pilote au Tour Auto. Le roman sort au moment de la diffusion du feuilleton, porté par les apparitions à l’écran des voitures que pilote Alain Fory dans la fiction. Soulignons que de nombreuses scènes de course furent tournées pendant des épreuves réelles. Au montage, scènes vécues sur le bitume et raccords furent assemblées avec talent. Ce feuilleton, réalisé avec des moyens limités, constitue un authentique exploit.
Plus fort encore, la performance du Team Graton et Cie qui crée, met au point et promeut la saison 2 de Michel Vaillant. Non seulement la Rebellion a couru Le Mans (et toutes les épreuves du championnat Wec) aux couleurs Vaillante, non seulement l’album sort au printemps dernier avant les 24 Heures du Mans, mais les auteurs connaissent si bien la course et ses coulisses qu’ils ont prédit le futur avec des dons de devins. Point d’imprécisions sujettes à interprétations comme chez Nostradamus ! Non, des faits de course et des incidents proches de ce qui s’est réellement passé sur la piste pendant cette course d’endurance disputée au rythme d’un Grand-Prix. Les Vaillante ont défendu les couleurs d’une marque de fiction, d’une série de BD, de la fiction automobile. Une consécration.
Flash-back quatre décennies en arrière pour conclure. Internet n’existe pas. Les chaines de télévision sont peu nombreuses (deux, puis trois à la fin 1972). Autrement dit, les informations sur la course automobile sont moins accessibles qu’aujourd’hui. Mais une maison d’édition, Gérard et C°, lance une collection, Marabout service, qui va combler les amateurs de compétition. Au programme, des biographies de pilotes, des histoires de marques, de modèles, de circuits, de courses, de championnats. Des chapitres de la bible de la course automobile qui vont nourrir la passion de générations d’amateurs de sports mécaniques. Cerise sur le gâteau, des partenariats assurent la présence de la marque Marabout sur des bolides !
Non seulement les livres Marabout racontent des courses, mais des pilotes écrivent l’histoire automobile sur la piste. Qui se souvient des Opel Commodore et BMW 30 CSL Marabout ? Aujourd’hui, la marque Marabout existe toujours dans le giron d’un des poids lourds de l’édition. Des romans policiers l’utilisent. Pourquoi ne pas renouer avec les origines, les fondamentaux de Marabout en publiant par exemple des polars dans l’univers des sports mécaniques ?
QUELQUES LIENS
Quand le crime paye en sport automobile http://0z.fr/110Cx
Un roman dans l’univers du Rallycross (disponible en cette période où Noël approche) http://bit.ly/2hjfyxa
Un auteur obsédé par la fiction automobile http://bit.ly/2hg3Asx
Pilotes de course, un roman, un feuilleton télévisé écrits par Guillaume de Saint-Pierre http://bit.ly/ILXlVM
Rebellion, une voiture sur les pistes, une BD dans les rayons http://bit.ly/2uqFAaQ
Thierry Le Bras