Courir Le Mans signifie entrer dans la légende de la course, appartenir à un clan d’initiés reconnus des plus sceptiques.
Tout le monde a entendu parler des 24 Heures du Mans, y compris ceux qui, les pauvres, ne s’intéressent pas aux sports mécaniques. Si à l’occasion d’un dîner en ville, un invité fait état de la profession de pilote, il se trouvera forcément un autre convive qui demandera ce qu’il a fait au Mans.
Dans l’hypothèse où le pilote ne roule pas en endurance, il perdra son aura. Il ne sauvera la face qu’à condition d’avoir disputé le Grand-Prix de Monaco, le Rallye de Monte-Carlo, les 500 miles d’Indianapolis ou à la rigueur le Dakar.
Passion et Mans
Théâtre de duels homériques, de suspense dépassant ceux des meilleurs thrillers, d’exploits et parfois hélas de drames, Le Mans a inspiré de nombreuses fictions. Je fais partie des auteurs qui ont installé l’action de romans policiers et de nouvelles au Mans, notamment avec Chicanes et dérapages de Lorient au Mans et Vengeance glacée au coulis de sixties. Car comme la grande majorité des amoureux de sports mécaniques, les 24 Heures du Mans me fascinent depuis toujours.
Les 24 Heures résonnent dans ma mémoire au rythme de la voix de Tommy Franklin à la radio dès avant l’école primaire. Mon père, grand amateur de sport automobile à cette époque, ne manquait pas un reportage. Et moi, gamin émerveillé dont les jouets favoris étaient les petites voitures, j’inscrivais dans mes neurones les noms de Jaguar, Aston Martin, Ferrari, Porsche, Maserati comme ceux des merveilles du monde.
Un peu plus tard, à l’âge dix ans, j’ai ressenti l’envie irrésistible d’écrire un roman. Il s’agirait de l’histoire d’une bande de jeunes qui, faute de disposer de la somme nécessaire à l’achat d’une Ford GT40, d’une Cobra ou d’une Iso Grifo, construiraient un bolide dans le garage du grand-père de l’un d’eux. Des aspirants pilotes qui ressemblaient à mes copains... et à moi avec quelques années de plus. Je ne suis pas allé au bout de l’histoire et les cahiers de brouillon se sont perdus, sans doute dans un déménagement ou d’un grand ménage dans la cave.
La passion de la course ne m’a jamais quitté, jusqu’à habiter des rêves. Quand j’étais enfant, la famille comptait une adorable chienne boxer qui portait le nom de Jeeps. Elle s’asseyait volontiers sur la banquette arrière de la voiture à côté de moi et affichait sa fierté lorsque mon père doublait un autre véhicule, qu’il s’agisse d’une voiture, d’un camion, d’un tracteur ou d’un deux roues. Une nuit, j‘ai rêvé que je roulais au Mans dans une Alpine et que notre chienne était à côté de moi, ravie ! Bon, d’accord, compte tenu de mon âge (encore plus jeune que Ricardo Rodriguez lors de sa première tentative de participation aux 24 Heures) et du règlement de la course, cet épisode ne pouvait se dérouler que dans l’univers parallèle de l’imagination. Si des coureurs au large ont navigué en compagnie d’animaux plus ou moins satisfaits de l’aventure, je ne connais pas de pilote ayant couru dans la vraie vie avec son animal domestique.
Auteur grâce au Mans
J’ai repris le fil de l’histoire plus tard. D’une autre manière, moins ambitieuse, moins délirante, mais réelle.
D’abord, j’ai piloté en course. En amateur, sans me confronter aux rois de la Formule1 et de l’endurance qui étaient mes héros d’enfance. Cela m’a cependant permis d’apprécier ce qu’un pilote ressent une fois sanglé dans son baquet, de remporter un certain nombre de victoires dans ma catégorie, de vivre des temps forts, parmi les plus magiques de mon existence.
Ensuite, j’ai écrit et je continue à écrire des récits et fictions dans l’univers des sports mécaniques. Un plaisir immense, ainsi que l’occasion, j‘espère, de partager cette passion absolue. J’aime aussi mettre ma plume au service de la communication en faveur de pilotes. Aider un compétiteur à faire reconnaître son talent représente une satisfaction réelle, plus que n’importe quelle mission traditionnelle.
Mon fantasme ? Je rêve encore, ce qui me range sans doute dans la catégorie des éternels adolescents qui refusent de grandir. Une caractéristique que je ne renie pas, d’autant qu’elle fait à mon sens partie des qualités d’un auteur. J’aimerais piloter à nouveau en course. Oh, plus au Mans ni même en championnat de France de la montagne. Juste rouler en équipage au Mans Classic ou dans une autre épreuve de véhicules historiques sur circuit. Faire équipe avec un jeune pilote doué qui vise le professionnalisme et voyager le temps d’un week-end dans un univers parallèle où je serais pilote à temps plein, au-delà de l’âge, des époques... Dans ce monde parfait, j’appartiendrais à une équipe ambitieuse, nous roulerions dans une des plus grandes courses du monde...
QUELQUES LIENS
Au Mans Classic, des bolides d’exception font revivre les 24 Heures d’hier https://bit.ly/2MPXr0k et https://bit.ly/2LA3dD7
Le skipper et le pilote http://bit.ly/25TaV2X
Steve McQueen, The Man & Le Mans http://bit.ly/1Sl7iIy
Dans ce polar, vous partagerez la piste du Mans avec des Ford MKII, Ferrari, Cobra, Alpine, Porsche... http://amzn.to/1nCwZYd
Jour de gloire pour Ronnie, une nouvelle automobile illustrée http://0z.fr/DwoeM
Thierry Le Bras