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29 septembre 2018 6 29 /09 /septembre /2018 17:45

Juillet 2018. Vague de panique chez les retraités. Déjà maltraités par un pouvoir qui s’en prend à leur pouvoir d’achat, les seniors craignent désormais pour les pensions de réversion. Certains pensent au suicide. D’autres se disent qu’un petit meurtre pourrait les sauver. Enfin, tant qu’il est encore temps...

 

Mercredi 25 juillet, 12 heures 40... Plus que trois jours avant les vacances.

 

- Madame Farcy voudra te voir à la rentrée, Dan. Elle prévoit d’entreprendre une nouvelle activité, la suppression expresse de retraités afin que les réversions des retraites de leurs conjoints ne puissent  pas être remises en cause par le futur régime des retraites.

 

Quelques heures plus tôt, Maître Richard Grandel, avocat au Havre, imaginait naïvement qu’il ne restait que quelques dossiers classiques à boucler avant de déguster le premier plateau de fruits de mer du séjour morbihannais avec sa femme et les amis qui partageraient leur villégiature. Il avait hâte de charger les bagages dans son Alfa Romeo Stelvio bleu métal et de prendre la route, direction Le Magouër, en face d’Étel. Pas la peine de descendre jusqu’à la Méditerranée cet été. Le beau temps généralisé transformait la Bretagne en paradis. Il se sentait porté par une vague d’insouciance en attendant celles de la côte atlantique.

Meurtres en réversion...

Dan, pour les clients maître Daniel Meunier, fait partie de ses plus vieux amis. Inséparables depuis le collège, ils ont suivi les mêmes études, pratiqué les mêmes sports. A la fin de leurs années de droit, Richard a choisi de devenir avocat. Dan est entré dans un cabinet de conseillers fiscaux. Au moment de la fusion des professions juridiques en 1992, ils se sont associés, rationnalisant ainsi l’équipe complémentaire dans laquelle ils avaient entraîné leurs cabinets respectifs. Négociation de contrats, ventes, fusions de sociétés, contentieux, infractions routières ou autres, optimisation fiscale, gestion des différends avec l’administration, destruction des montages sournois destinés à spolier des héritiers légitimes, Richard, Dan et leurs associés savent répondre à tous les besoins des clients. Presque tous...

 

Le problème de madame Hermeline Farcy, le premier rendez-vous de la journée,  ne poserait pas de grosses difficultés techniques. La restauratrice cuisine des recettes exclusivement à base d’andouille dans un petit local du centre-ville. Madame Farcy a reçu une offre d’achat intéressante de son voisin qui souhaite agrandir la boutique franchisée dans laquelle il vend du chocolat. Elle souhaite s’en entretenir avec son conseiller. A bientôt soixante-dix ans, l’avocat ne s’attendait pas à se trouver confronté à un de ces scenarii où la réalité dépasse la fiction, une affaire qui laissait redouter la commission  prochaine d’une multitude de crimes.

 

***

Madame Hermeline Farcy avait  rendez-vous à neuf heures trente. Elle arriva à l’heure et aborda très vite le cœur du problème.

 

— Mon fonds ne rapporte pas grand-chose. Je survis parce que je touche une petite prestation compensatoire de mon ex-mari. Mais qu’est-ce que j'vais faire après ? Et qu’est-ce que j'vais devenir à la retraite ?

Meurtres en réversion...

Richard connaît la situation de sa cliente. Il a plaidé son divorce en 2012. Hermeline avait cinquante-cinq ans. Elle n’a pas eu de vraie carrière professionnelle, ayant alterné les périodes où elle s’occupait des enfants et de la comptabilité de son mari, commerçant ambulant, et celles où elle l’aidait sur les marchés sans statut protecteur. Puis un jour, une employée saisonnière a pris sa place... Hermeline est partie avec une somme modeste - tout de suite investie dans l’achat de son petit restaurant d’andouille - et une maigre prestation compensatoire. A la retraite, elle fera partie des quatre-vingt-dix-pour-cent de femmes condamnées à la misère si la prestation s’éteint et qu’aucune réversion n’est virée.

 

— J’ai entendu que le gouvernement, il allait tout remettre à plat au sujet des retraites et des réversions, s’inquiète-t-elle. Mon ex a pris sa retraite au printemps. S’il meurt avant moi, j’aurai droit à une partie de sa pension. En gros, moi et sa femme actuelle, nous toucherons au total environ la moitié d’c’qu’il perçoit. La part de chacune sera fixée au prorata des années de mariage avec lui. Enfin, si j’ai ben compris c’qui est dans le journal Les droits du senior.

 

— En effet, sous réserve de conditions de ressources. Compte tenu de vos revenus, la réversion ne devrait pas poser de problème.

 

— Ouais, sauf si la bande au pouvoir, elle supprime la réversion.

 

— Je ne saurais prédire les futures lois qui seront votées, admet Richard. Il semble que le premier ministre ait affirmé que les personnes touchant déjà une réversion ne verraient pas leur situation modifiée. Certains commentateurs ont fait observer qu’il s’était bien gardé d’aborder la question des bénéficiaires futurs.

 

— Mon ex faisant partie des retraités actuellement, j’ai intérêt à c’qu’il passe l’arme à gauche le plus vite possible de façon à c’que j’aie la réversion avant que la loi change, déduit Hermeline. En somme, le premier ministre appelle les femmes qui veulent protéger leur avenir au meurtre. Celles dans ma situation, et puis celles dont les maris ont déjà pris leur retraite et qui auront besoin de la réversion s’ils meurent avant elles. Avec les réversions en danger, j'vous prédis une vague d’assassinats sans précédent  chez les seniors, maître. Des centaines de milliers en quelques semaines, vous verrez. Certaines tueuses seront prises. Les avocats vont se frotter les mains.

Meurtres en réversion...

— Quand même pas, proteste Richard. Les français sont des moutons. Peu passeront à l’acte. D’autant que si votre prédiction se réalise, les dossiers seront difficiles à plaider et les avocats ne sortiront pas facilement leurs clients du pétrin. Les assassinats motivés par des intérêts pécuniaires ne plaisent pas beaucoup aux jurés d’assises.

 

Hermeline Farcy se gratte la tête et se ravise.

 

— Si ça s’trouve, peu de meurtrières iront en taule. Je vous l’dis, moi. Vu que le pouvoir, il aime pas les vieux, la plupart des tueuses passeront à travers les mailles du filet. Plus il meurt de retraités, moins ça fera d’retraites à verser, de places d’Ephad à créer, de personnes en état de dépendance à assumer, de malades à soigner. Même s’il reste une réversion, elle représente moins que la retraite de base de toute façon. Donc le gouvernement est gagnant si les femmes tuent leurs maris retraités. Et hop, on les encourage en menaçant de supprimer les réversions pas encore en route. Vous verrez si j‘ai pas raison.

 

Richard soupire. A-t-il raison, lui, de continuer à travailler et d’écouter les histoires sordides des clients ? Il a déjà levé le pied. Financièrement, il pourrait prendre une retraite complète et surtout bien méritée. Il ne se fait plus d’illusions sur la loyauté des clients, les solutions que le droit apporte aux conflits, le système judiciaire en général. Seulement, il n’arrive pas à décrocher. Il reste à l’ancien pilote automobile amateur qu’il fut longtemps un goût de la compétition qui le pousse à poursuivre encore un peu la course d’endurance professionnelle...

 

— Je me demande si j'devrais pas supprimer mon ex tant que j'peux encore prétendre à la réversion, reprend Hermeline. Vous qui avez dû voir des quantités de meurtres, vous n’auriez pas une idée, maître ? De toute façon, z’êtes tenu au secret professionnel comme un curé. Vous avez pas le droit d’me dénoncer.

 

— Vous oubliez un détail, chère madame.

 

— Lequel ? Ah oui, vous verser des honoraires pour m’expliquer comment faire. Combien ? J’ai de tout p’tits moyens.

 

— Non. Je ne suis pas tueur à gages et je ne tiens pas à être soupçonné de complicité d’assassinat à l’approche de ma propre retraite qu’il faudra bien que je me résigne à prendre un de ces jours. Je voulais juste préciser que si je suis appelé à suivre ou simplement connaître une affaire en ma qualité d’avocat, c’est que le crime n’était pas parfait et que son auteur n’a pas échappé aux poursuites.

 

— C’est vrai ça, bordel. Un avocat ne sait pas forcément mijoter la recette du crime parfait. Vers qui se tourner quand on veut se débarrasser de quelqu’un pour des bons motifs ?

 

— Je ne sais pas. Je doute que la réponse se trouve dans les pages jaunes ou dans un guide style L’avocat chez vous

Meurtres en réversion...

— D’toute façon, il faut trouver une solution. Les exécutions destinées à s’assurer le maintien des pensions de réversion représentent un super marché. Pourquoi pas un nouveau business si j’cède mon restaurant ? Jusqu’à maintenant, j’ai vendu de l’andouille fumée. Bientôt, je vais fumer des andouilles.

 

La consultation reprit sa trajectoire initiale sans déraper. Il fut question de vente du restaurant à thème basé sur les recettes d’andouille. Au moment de prendre congé, Hermeline Farcy prononça une phrase lourde de sous-entendus.

 

— Au revoir maître. Profitez bien de vos vacances. Au retour, je vous reverrai pour la vente du fonds. Moi, j’suis pas une andouille, j’passerai pas aux assises. Prévenez votre associé. J’aurai besoin de lui pour les questions fiscales sur mes futurs revenus. Si une idée lui vient, j’suis preneuse.

 

— Si vous pensez à ce que je crois, n’oubliez pas un facteur, chère madame.

 

— Quoi ?

 

— Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. L’intention déclarée d’un ministre quant à la préservation des réversions acquises n’a pas force de loi. Qui sait si les éventuels meurtres commis dans le souci de bénéficier d’une réversion avant un nouveau régime des retraites ne se révéleront pas inutiles ? Imaginez que finalement, les modifications s’appliquent à toutes les prestations à compter d’une date donnée, même si la réversion avait débuté sous le régime actuel. Combien d’assassinats auraient été commis pour rien ? Et vous savez comment sont les gens, ingrats, radins, d’une mauvaise foi totale. Les clients de prestations de conseil en assassinat seraient bien capables de venir réclamer le remboursement de ce qu’ils ont versé puisqu’au final, la suppression du conjoint ne servirait plus à rien.

 

Hermeline Farcy émit une moue de déception puis sortit du bureau en se grattant la tête...

***

Dan connaît madame Farcy. A l’ouverture de son restaurant à thème andouille, elle lui avait demandé s’il ne serait pas judicieux de monter une société domiciliée à Guernesey ou au Delaware afin de ne pas payer d’impôts. Elle avait entendu dire sur le marché que des milliardaires faisaient ça et qu’ils roulaient le fisc dans la farine. Il avait répondu que les montages « usines à gaz » coûtaient cher et que la taille de son affaire ne justifiait pas l’investissement. Un jour, peut-être, si elle ouvrait des restaurants d’andouille dans le monde entier, il serait temps d’y réfléchir. Pour l’heure, la mise en œuvre de l’idée ingénieuse s’avérerait prématurée...

 

— Ne me dis pas que notre brave Hermeline se prépare à couper les retraités en rondelles dans le seul but d’accélérer le versement des pensions de réversion ? demande Dan à son associé. Tu me fais marcher.

 

— Je crains que le projet la tente beaucoup, répond Richard avant de rapporter l’intégralité de ses échanges avec la restauratrice.

Meurtres en réversion...

— Effets pervers d’une législation scélérate, constate Dan. Un pouvoir injuste engendre des monstruosités. Au fond, je ne serais pas si surpris que la prédiction de notre cliente se réalise. Les gens sont tellement intéressés.

 

— Encore heureux que nos épouses aient droit à des retraites personnelles assez conséquentes pour ne pas céder aux offres de services que notre chère cliente pourrait leur faire histoire de bien démarrer sa petite entreprise, plaisante Richard.

 

— Nous avons connu d’autres tempêtes, se souvient Dan. La terreur des patrons en 1981. Rappelle-toi celui qui voulait nous voir tous les deux d’urgence et qui nous a invités à dîner pour nous demander s’il fallait qu’il vende tout de suite sa Jaguar et la Triumph de sa femme...

 

— Et plus récemment en 2012, ajoute Richard. Un traumatisme moindre dans le grand public mais une angoisse encore plus profonde dans les milieux économiques. Jamais nous n’avons organisé autant de fuites à l’étranger.

 

— Certains pensent que les avocats mangent à tous les râteliers et que le racket étatique nous profite autant que le crime organisé.

 

— Ils oublient que nous sommes rackettés au même titre que les autres et qu’en plus, nous passons un temps considérable à apprendre de nouvelles législations pas très claires, pleines de pièges, incertaines car mal rédigées...

 

— Pas faux, soupire Dan. S’occuper de droit et de fiscalité, c’est marcher dans un champ de mines. Tu vas me couper l’appétit.

 

— Ce serait dommage. Laissons-nous tenter par les suggestions du chef. Les Huîtres chaudes à l’andouille de Vire et blancs de poireaux doivent se laisser déguster.

 

— En effet. Espérons que nos gouvernants et notre cliente aient plus de QI que les huîtres...

 

La patronne vient prendre la commande. Les deux amis optent pour des araignées farcies à la mode Mère Poignard après les huîtres.

 

— Excellent choix, approuve la maîtresse des lieux. Cette recette est une vraie tuerie. Voulez-vous une coupe de Veuve-Clicquot en apéritif ? C’est la maison qui offre.

 

Trois minutes plus tard, Richard et Dan trinquent au Veuve- Clicquot à la santé des retraités en danger...

 

QUELQUES LIENS

 

Marâtres, arnaques et petits meurtres http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-maratres-detournements-et-petits-meurtres-110748178.html

 

DESIGNMOTEUR présente l’Alfa Romeo Stelvio, la voiture de Richard dans ce scénario https://gotmdm.com/driving/2018/04/alfa-romeo-stelvio-2-0t-280-ch-q4-super-premier-suv-de-marque-italienne/

 

Drogués de sport : un avocat, un rallye, des clients surprenants croisés à la fin d’un rallye http://bit.ly/1lEpd2a

 

La marâtre aimait trop la galette http://polarssportsetlegendes.over—blog.com/2016/01/la—maratre-aimait-trop-la-galette.html

 

Écrire, c’est raconter des histoires, toutes sortes d’histoires, vraies ou fictives  http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2017/09/ecrire-c-est-raconter-des-histoires.html

 

Thierry Le Bras

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 18:15

Jamais un contentieux successoral  n’avait attiré l’attention des médias comme l’héritage Hallyday. Pourtant, les différends ne sont pas exceptionnels quand le défunt a fondé plusieurs familles. Une famille recomposée existe parce qu’avant, une autre famille s’est décomposée.

 

Pas question de limiter ma chroniquer au contentieux qui oppose David et Laura à Laetitia Boudou, la cinquième épouse de Jean-Philippe Smet, autrement dit Johnny Hallyday. J’ai été touché par David et Laura le jour de la cérémonie à La Madeleine. Leurs visages ravagés de douleur ne laissaient aucun doute quant à l’amour qu’ils portent à leur père. La tristesse de leurs mères respectives, Sylvie Vartan et Nathalie Baye, témoignait de la sincérité et de la qualité des sentiments pour l’homme disparu dont elles avaient partagé la vie.

Héritages conflictuels:  reniements volontaires ou conséquences de manipulations ?

Comment ne pas s’inquiéter également pour Jade et Joy,  ces petites filles déjà éprouvées par la vie ? Souhaitons que le règlement définitif de la succession  trouve une conclusion équitable et protège vraiment ces enfants sans exclure les aînés.

 

J’ai été le témoin de manœuvres discutables dans des familles recomposées. J’ai consacré des chroniques aux techniques sournoises employées dans le but de déshériter les enfants des premiers lits au profit de dernières épouses exigeantes, voire cupides. Contrairement aux apparences et à une croyance répandue, point n’est besoin de résider dans des pays aux législations souples lorsqu’on vise cette finalité. J’écris un livre sur ce thème. Jusqu’à présent, je ne m’étais pas fixé d’échéance. Le sujet s’avère douloureux et plonge inévitablement dans des histoires ou /et souvenirs cruels. L’épreuve infligée à David et Laura m’incite à accélérer le rythme. Tant de personnes dans l’impossibilité d’organiser une défense forcément coûteuse sont victimes d’agissements anormaux que chacun doit apporter sa contribution au légitime combat des enfants des premières unions.

 

Les successions exacerbent les passions

 

Témoignages de poches et appréciations d’experts l’ont rappelé, déshériter un enfant relève d’une grande violence. C’est quasiment une insulte post mortem lui signifiant qu’il a moins compté que les autres, le reniant. Tout au moins si le défunt a été conscient de ses actes et ne s’est pas contenté de céder aux pressions d’une femme sans scrupules.

Héritages conflictuels:  reniements volontaires ou conséquences de manipulations ?

Après avoir publié une chronique attirant l’attention sur des manœuvres lésant des héritiers au mépris du Code civil français et au profit des dernières épouses, j’ai reçu un appel d’une de ces femmes désireuses de rentabiliser sans partage le temps passé aux côtés d’un époux  plus vieux mais chef d’entreprise connaissant une certaine réussite professionnelle. Elle s’indignait que mes écrits puissent aider des héritiers dans la situation des enfants du premier lit de son mari. Elle affirmait ne vraiment pas comprendre pourquoi ces enfants nés de son premier mariage auraient droit à quelque chose. A son sens, le divorce d’avec leur mère devrait rompre les liens de filiation entre père et enfants...

 

Des problèmes de riches ne concernant que des privilégiés ? Bien fait pour des enfants présumés gâtés et redistribution des patrimoines, penseront certains... Une appréciation qui mérite d’être corrigée. Dans les milieux les plus modestes, le partage d’un héritage causera peut-être moins de contentieux. Par contre, le règlement d’une pension alimentaire fera-t-il partie des priorités s’il rend la nouvelle compagne furieuse ? Sans parler des souvenirs après la disparition du de cujus. Que ceux qui comptent des familles recomposées parmi leurs fréquentations réfléchissent objectivement à l’attitude de la belle-mère face aux enfants de son mari. Combien de marâtres dignes des contes populaires et combien de femmes honorables  et justes ? Seule une étude portant sur un échantillon important permettrait de dégager une statistique fiable. Quelques cas suffisent à ressentir une difficulté dans de nombreuses familles recomposées.

Héritages conflictuels:  reniements volontaires ou conséquences de manipulations ?

La disparition du de cujus met fin aux mauvaises paix. Les descendants exclus de sa succession auront également été écartés de la vie de leur géniteur. Ils auront ressenti qu’ils dérangeaient sa dernière femme, que leur présence causait un malaise. Ils se seront éloignés d’eux-mêmes afin de ne pas causer de conflits. Non par désintérêt vis-à-vis de leur père, mais par souci de ne pas provoquer des difficultés dans son nouveau couple. Une fois l’ascendant disparu, plus de raison de préserver une marâtre, surtout lorsqu’ils l’ont perçue comme une femme plus intéressée par la situation de leur père que par sa personne.  Il arrive que des faits viennent rapidement conforter leur légitime méfiance.  Je citerai un exemple. Un homme atteint d’une maladie grave s’éteint en fin d’après-midi à l’hôpital. Dès le lendemain matin à neuf heures, sa dernière épouse se précipite à sa banque. Elle retire le maximum d’argent possible avec la carte bleue du disparu. Puis elle utilise la procuration obtenue sur le compte du défunt mari, ce qui lui permet d’effectuer des virements conséquents sur son compte personnel. Voilà en tout cas une deuxième épouse dont le veuvage n’a pas épanché la soif d’argent. Un exemple parmi d’autres. Une raison justifiant la  contestation  des opérations suspectes au sein des familles recomposées.

 

Déshériter ses enfants, un sport à la mode ?

 

Apparemment oui. Au point en tout cas de décider l’équipe de Complément d’enquête à diffuser un numéro traitant cette problématique le jeudi 5 avril 2018.

Héritages conflictuels:  reniements volontaires ou conséquences de manipulations ?

L’émission commençait par un reportage sur l’héritage Hallyday. J’éviterai de m’étendre sur Laetitia Boudou et son clan. L’avocat de Boudou m’a presque fait rire. Il ne m’a convaincu que de son grand attachement aux intérêts de sa cliente et d’un talent indéniable en matière de communication judiciaire. En ce qui me concerne, la photo publiée sur un réseau social par la grand-mère Boudou  - la fameuse Mamie Rock - m’a donné la nausée. Le doigt d’honneur adressé à tous ceux qui l’ont vue ne semblait-il pas hurler « je vous ai bien eus » et en prime, je me fous de vous, je vous provoque ? Quelle vulgarité... Et que penser des commentaires stupéfiants de cette dame lorsqu’elle se présente en femme de paille gérante de sociétés pour rendre service sans payer d’impôts ? Elle ne faisait rien, l’avocat s’occupait de tout. Était-il dirigeant de fait des entreprises bien que cette situation semble difficilement compatible avec le métier d’avocat ? Heureusement qu’un défenseur de la famille vient expliquer ensuite que les sociétés étaient des coquilles vides n’existant qu’à cause d’histoires avec l’administration fiscale. Mais alors comment, où et pourquoi les actifs se sont-ils évaporés ? Au bénéfice de qui ? Au préjudice de qui ? Qui a signé les ordres de transfert ? Johnny aimait chanter, jouer du Rock’n’Roll, les guitares, les motos, les bagnoles,  les fêtes avec ses potes, ses enfants, tous ses enfants... J’ignorais sa maîtrise des montages juridiques et fiscaux complexes. J’aimerais par contre que Laetitia Boudou réponde aux questions posées par Monsieur Philippe Bilger, magistrat de grande qualité, dans une chronique en ligne sur son blog (cf lien en fin de note). A ma connaissance, elle ne le fait pas. L’art de répondre clairement et avec sincérité constitue un exercice si différent de la recherche des objectifs des caméras à tous les instants...

Héritages conflictuels:  reniements volontaires ou conséquences de manipulations ?

La seconde partie de Complément d’enquête rapportait des témoignages et avis d’experts  expliquant des manœuvres destinées à déshériter des descendants. Bizarrement, aucune belle-mère n’est venue raconter à visage découvert qu’elle avait fait la comédie à son mari jusqu’à ce qu’il déshérite ses premiers enfants. Timidité ? Ou alors... Aucune ne reconnaîtra publiquement une filiation spirituelle avec Béline, personnage subtilement décrit par Molière, la seconde épouse d’Argan dans Le malade imaginaire. Cette marâtre au cœur de pierre attend avec impatience la mort de son mari tant elle a hâte de capter son héritage. Je pourrais enrichir cette chronique d’anecdotes sordides sur les comportements de marâtres mais je les conserve afin de les insérer dans mon livre conçu sous l’angle HÉRITIERS LÉSÉS, DÉFENDEZ-VOUS !

 

Lors de  Complément d’enquête, Nathalie Couzigou-Suas, notaire et co-auteure de l’ouvrage L’héritage pour les nuls confirma être régulièrement consultée par des personnes voulant déshériter leurs premiers enfants. Elle mentionna les arguments mis en avant par  les hommes qui lui faisaient part de cette préoccupation. J’ai cru comprendre qu’ils  considéraient que leurs enfants aînés s’étaient éloignés d’eux et interprétaient qu’ils avaient pris le parti de leurs mères dans la guerre juridique de divorces difficiles.... Le reportage a tout de même mis en évidence que ces enfants subissaient la double peine car ils avaient d’abord supporté un déchirement familial et se voyaient plus tard désavantagés dans les dispositions successorales. Double peine ou triple peine, suis-je tenté d’ajouter. Car certaines marâtres savent diaboliquement pourrir les relations d’un père avec ses enfants, gâcher les moments de communication entre les générations, détruire des complicités autour de passions communes.

 

L’utilisation de techniques discutables afin d’écarter des héritiers légitimes ne se limite pas aux grandes fortunes. Elle n’a que deux limites, la rouerie de la bénéficiaire et la faiblesse du futur défunt. Il est possible de déshériter ses enfants en France, sans avoir besoin de s’exiler à l’étranger. L’ambition de mon prochain livre sur ce thème ? Fournir aux victimes quelques pistes les aidant à déjouer les manœuvres à leur encontre. Et aussi sensibiliser les médias et les politiques aux failles de notre droit, des insuffisances qui profitent à des personnes sans scrupules.

 

QUELQUES LIENS

 

Les questions de Philippe Bilger à la veuve de Johnny Hallyday http://www.philippebilger.com/blog/2018/02/questions-%C3%A0-laeticia-hallyday-par-un-admirateur-de-lartiste-johnny.html

 

« Marâtres, détournements et petits meurtres »,  une chronique sur les dérapages des familles recomposées http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-maratres-detournements-et-petits-meurtres-110748178.html

 

La marâtre qui aimait trop la galette (fiction humoristique illustrée décrivant l’ambiance des déjeuners dominicaux dans une famille recomposée)  http://bit.ly/1SRX3i4

 

L’héritage pour les nuls, un livre de Nathalie Couzigou-Suas et Laurence de Percin https://www.amazon.fr/H%C3%A9ritage-pour-Nuls-Nathalie-COUZIGOU-SUHAS/dp/2754033726

 

Les méchants sont bien moins terribles que dans la vraie vie http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2017/02/le-bon-mechant-dans-les-fictions.html

 

Thierry Le Bras

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:32

Faut-il créer un nouveau métier, un nouveau statut, un nouvel art destiné aux engagés ? Cela nécessiterait naturellement des récompenses, trophées, prix, césars ou oscars.

 

« ENGAGÉ », le mot le plus employé quand il s’agit de désigner les invités des plateaux TV et des radios. Les présentateurs ne reçoivent plus une personnalité du monde du spectacle, des lettres ou du sport. Ils reçoivent un homme engagé ou une femme engagée. A croire que les salaires de certains journalistes sont indexés sur le nombre de fois où ils prononcent le mot « ENGAGÉ ».

Le bal des engagés

Faut-il en déduire que la seule caractéristique qui justifie une invitation à la télévision soit d’être « ENGAGÉ » ? Si cette question reçoit une réponse positive, il convient de définir et récompenser la discipline.

 

Engagé, un terme militaire

 

Engagé s’associe à armée dans la mémoire des générations qui ont connu les guerres déclarées (différentes du terrorisme qui s’accompagne d’une dissimulation de l’ennemi) ou tout simplement le service national. L’engagé choisissait la carrière militaire tandis que l’appelé devait consacrer une période de sa vie à des obligations qui le rendraient aptes à la défense du pays si nécessaire.

Le bal des engagés

L’engagé, c’était aussi le jeune courageux qui signait afin d’intégrer les paras, la marine, la légion ou une autre unité dans le but de protéger ses compatriotes ou plus largement le camp des défenseurs du monde libre. L’engagé ne cherchait ni les honneurs, ni la gloire, ni la promotion offerte par un média dans l’air du temps. L’engagé se mettait au service de sa patrie, de ses valeurs. Il risquait de perdre la vie loin des caméras et des micros. Les GI et les gars de tous les pays qui s’étaient engagés pour combattre les forces de l’Axe ne couraient pas après les journalistes. En ce temps-là, Jean Gabin voulait se battre comme les autres, le plus anonymement possible.

Le bal des engagés

L’engagé  dans l’armée fait partie des héros de la littérature. A titre d’exemple, dans la saga du Prince Éric écrite par Serge Dalens, Christian et Éric se sont connus chez les scouts. Encore très jeunes, ils n’imaginent pas rester à l’écart du conflit mondial lorsqu’il éclate. Ils s’engagent, renonçant à leur confort, à leurs projets personnels. Ils iront sur le front, ils se battront. Ils mourront ensemble dans un assaut contre l’envahisseur plutôt que renoncer. L’engagement correspond au respect d’une promesse, à l’honneur. Ils sauront se montrer dignes, comme nombre de gars confrontés au drame de la guerre.

 

L’engagé, un concurrent

 

Vous allez suivre le Tour de France, les 24 Heures du Mans, la Route du Rhum ? La liste des engagés vous permettra de savoir si votre sportif préféré fait partie des concurrents. Le numéro qu’il se verra attribuer contribuera à l’identifier et à le signaler à vos amis qui ne connaissent pas forcément la décoration de son matériel, de son équipement.

Le bal des engagés

Le sport utilise volontiers des termes guerriers. Prendre le départ d’une compétition représente l’aboutissement d’un parcours du combattant. Certes, le sportif ne s’est pas exposé aux armes destructrices qui menacent la vie d’un soldat en opération. Il a tout de même souffert, parfois pris de gros risques, voire frôlé la mort. Il mérite le soutien et la reconnaissance. Il s’engage à tout donner dans le but d’honorer ses partenaires et ses supporters.

 

L’engagé médiatique, le chouchou des présentateurs du moment

 

Loin de moi l’idée de critiquer systématiquement les actions de personnes reconnues dans un domaine lorsqu’elles mettent leur célébrité au service d’une cause qui leur tient à cœur.

Le bal des engagés

Bravo entre autres à Brigitte Bardot de défendre la cause animale !

 

J’avoue par contre une franche irritation quand j’entends certains présentateurs débuter toutes leurs interviews ou presque par l’engagement de l’invité. « Madame X, vous êtes une femme engagée ». « Monsieur Y, vous êtes un homme engagé ». Une sorte de marque de fabrique ? Bien sûr, chaque artiste, sportif, scientifique  possède ses convictions. Il a le droit de les exprimer s’il le souhaite, d’espérer y sensibiliser d’autres personnes.

 

Toutefois, si des causes recueillent une adhésion universelle, d’autres ne font pas l’unanimité pour des raisons tenant à l’appréciation de leur priorité, de leur urgence. Certains engagements se révèlent même clivants, divisent les téléspectateurs, surtout quand ils se confondent avec les aspirations de politiques qui ne coïncident pas automatiquement avec celles de leurs concitoyens.

 

Des lors, la mise en avant des « ENGAGÉS » se heurtera à trois critiques :

- d’abord, les médias traiteront-ils avec la même honnêteté intellectuelle les « engagés » qui partagent leurs convictions et ceux qui ne soutiennent pas leurs favoris ? Les opposants au camp que défend le média seront-ils invités aussi souvent que leur actualité le mérite ?

- d’autre part, l’engagé invité sert-il sincèrement une cause ou utilise-t-il subtilement le faible du présentateur ? Ses conseillers auront forcément repéré qu’un engagement plaisant à celui qui l’invite garantira une interview promotionnelle et sympathique plutôt que des questions dérangeantes ? Si des invités demeurent sincères, d’autres ne suivront-ils pas l’appât d’une publicité personnelle bien éloignée de l’honneur d’un militaire ou de l’effort d’un sportif ?

- enfin et surtout, le bal des engagés plaisant à ces médias reste-t-il compatible avec une information normalement honnête à défaut d’atteindre une objectivité impossible ? Les « bons ENGAGÉS » reçus en priorité et traités avec déférence contribuent-ils, consciemment ou non, à un lobbying sournois de médias proches d’une tendance politique, d’une pensée souhaitée unique, supérieure et incontournable ?

Le bal des engagés

Je sais qu’aujourd’hui toute critique des médias se heurte à des suspicions de théorie du complot qu’il faudrait ridiculiser, de propagation de Fake news, d’intentions peu honorables... Mais qui peut douter de l’influence des grandes chaines quand il s’agit de forger l’opinion, d’orienter les votes des populations ciblées ? Gare à la propagande dissimulée sous une apparence policée et bienveillante.

 

En ce qui me concerne, j’en ai franchement marre de cette obsession des présentateurs qui soumettent la légitimité de l’actualité de leurs invités au partage d’un engagement avec les convictions dont ils assurent la promotion sur leur temps d’antenne. Suis-je le seul à trouver cette tendance insupportable ? Je ne le crois pas. Plutôt que nous annoncer à chaque JT que l’invité est engagé, pourquoi ne pas suggérer aux présentateurs d’organiser chaque année un grand bal des engagés avec remise de trophées ?

                                                                                            

QUELQUES LIENS

 

La réalité bien plus cynique que les fictions http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/2017/02/le-bon-mechant-dans-les-fictions.html

 

La jalousie, ingrédient des  bouillons de haine mortelle. Et parfois hélas le guide au moment d’élire le chef de classe au lycée... et après http://bit.ly/2oDlE0I

 

Le meilleur après le pire : un ouvrage sous les ailes de l’élégance à l’occasion d’un dimanche à Saint-Malo http://bit.ly/2itIWpe

 

Thierry Le Bras

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  • : Vous aimez le suspense et le danger ? Vous considérez la compétition sportive comme un univers romanesque avec ses angoisses, ses héros, ses exploits, ses enjeux et ses tricheurs ? Vous êtes réaliste et vous savez que des vampires assoiffés de cupidité croisent quotidiennement votre route ? Vous savourez goulument la bonne cuisine, les jeux de mots, la musique vous met de bonne humeur ? Les polars et nouvelles de Thierry Le Bras sont faits pour vous !
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  • Mon nom : Thierry Le Bras. Profession :  chroniqueur, écrivain, consultant. Ma passion, décrypter les mécanismes psychologiques qui animent les personnes les plus attachantes comme les plus dangereuses. Surtout dans des univers cyniques...
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