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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 11:25

Avec le confinement dû au coronavirus, ceux qui ne travaillent plus régulièrement ne sont pas rares. Plus question d’aller au bureau tous les jours pour de nombreux professionnels qui tentent de vaquer à leurs tâches chez eux grâce aux possibilités qu’offrent l’informatique et Internet.

 Parmi eux, Philippe et Laurent Georjan, deux cousins avocats installés à Paris et dans la soixantaine qui habitent une grande maison à Montlhéry avec leurs épouses respectives et un chat espiègle appelé Félix par analogie avec le félin vedette de spots publicitaires. Vous les connaissez déjà (voir les liens en fin de note).

S’ils se plient au confinement par esprit civique et parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix, Philippe et Laurent tournent comme des lions en cage pendant cette période (un point commun avec Félix qui s’imagine volontiers en roi des animaux).

Tout-est-fermé – 2020 – Photo-Thierry-Le-Bras

Tout-est-fermé – 2020 – Photo-Thierry-Le-Bras

Voici un extrait d’une de leurs conversations intervenue le jeudi 26 mars 2020 à l’heure de l’apéritif.

— Le pouvoir nous incite à boire, plaisante Philippe en servant du Porto à sa femme Julie-Lou ainsi qu’à Marie-Christelle, celle de Laurent, avant de verser du whisky dans le verre de son cousin et le sien. Sans le confinement, nous aurions fait un tennis en double tous les quatre ce soir.

— Nos gouvernants nous empoisonnent en nous poussant vers l’obésité, enchérit Julie-Lou en posant un plateau d’appétissants toasts à la rillettes de saumon et à la  terrine fruits de mer sur la table.

— De quoi aurons-nous l’air quand nous aurons le droit de sortir comme avant ? ajoute Marie-Christelle. Nous allons faire peur à la coiffeuse, à l’esthéticienne et à tout le monde dans la rue.

Pratique-vélo-f-intérieur – Copyright-inconnu

Pratique-vélo-f-intérieur – Copyright-inconnu

— Philippe et moi, nous faisons encore de la musculation  et du vélo d’appartement  dans le garage ainsi que  du ping-pong dans le jardin, intervient Laurent. Nous devrions garder la forme à défaut du moral. Ne plus voir les enfants nous manque tellement à tous. Et les contacts hors Internet et téléphone avec nos amis aussi.

— Oui, mais la musculation fait plutôt pendre du poids qu’en perdre, rigole Julie-Lou.  Et tous les deux, vous seriez plutôt partis pour la semaine des quatre jeudis...

— Parce que nous n’allons plus au cabinet que lorsque nous sommes de permanence ? Interroge Philippe. Il faudrait moderniser l’expression en parlant de semaine des quatre mercredis, non ? T’inquiète, nous n’allons pas devenir feignants après avoir travaillé autant d’années.

— Ce n’est pas que je voulais dire, poursuit Julie-Lou. Je ne considérais pas le jeudi comme le jour de repos des écoliers mais comme la veille du vendredi, période de jeûne jadis. J’insinue juste que vous auriez tendance à faire bombance tous les jours.

- D’accord, rigole Laurent. De toute façon, le mercredi jour de congé des écoliers, nous n’avons pas expérimenté. Nous étions déjà en fac quand ça a été mis en application. Nous ne sommes plus si jeunes les uns et les autres. Nous avons connu France Gall chantant Sacré Charlemagne quand nous étions en sixième.

Sacré-Charlemagne – 1964 – France-Gall

Sacré-Charlemagne – 1964 – France-Gall

— Une chanson qui rendait notre prof de musique complètement dingue, se souvient Philippe. Elle ne supportait pas qu’une chanteuse de variétés incite les enfants à se moquer de l’école. Il faut dire qu’elle avait une tête à manger des gâteaux secs et que le second degré et l’humour lui manquaient totalement.

— Absolument, approuve Laurent. D’ailleurs, elle n’a jamais décelé notre potentiel vocal et musical. Nous aurions peut-être pu former un groupe de rock irrésistible si elle avait encouragé notre talent. Que nenni. C’est pour ça que nous n’avions plus qu’à faire droit, devenir avocats, et nous passionner en plus pour la course automobile !

— C’est cela oui, coupe Marie-Christelle. Je vous imagine très bien vous roulant par terre pour hystériser les foules dans des ensembles en cuir noir avant de jeter vos chemises dans le public au moment de sortir de scène...

Tout le monde éclate de rire.

— Dans un sens, le confinement a quelques bons côtés, avance Julie-Lou.

Félix – Chat-désœuvré – Photo-Thierry-Le-Bras

Félix – Chat-désœuvré – Photo-Thierry-Le-Bras

— Je ne trouve pas vraiment, conteste Philippe. Regarde ce pauvre Félix, Il en a sûrement marre que nous squattions sa maison 24 heures sur 24.

— Au contraire, il est ravi que tout le monde le caresse et il n’a jamais autant ronronné, corrige sa femme. Non, je pensais que pendant cette période, il n’y a pas de course automobile. Marie-Christelle et moi, nous n’avons pas de raison d’avoir peur. En temps normal, vous auriez bientôt tous les deux pris place dans un monstre mécanique pour disputer le Tour Auto. Et Mathias et Florian auraient débuté leur saison de circuit dans un autre bolide. Nous aurions eu peur tous les week-ends de course sans jamais vous demander d’arrêter car nous savons à quel point vous aimez ça. Là au moins, nous sommes tranquilles quelques semaines pour nos maris et nos fils.

Porsche-Carrera-RS-à-l-attaque- Photo-Thierry-Le-Bras

Porsche-Carrera-RS-à-l-attaque- Photo-Thierry-Le-Bras

Philippe baisse la tête. C’est lui qui a entraîné son cousin dans le défi des sports mécaniques et en a fait son navigateur en rallye, poursuivant  l’aventure dans les épreuves de véhicules historiques plutôt que ranger casques et combinaisons à un âge où beaucoup ont pris leur retraite sportive. C’est lui qui a transmis à son fils et à son neveu le virus de la vitesse et de la compétition.

— Pas faux, reconnaît  Laurent. Le bonheur des uns ne fait pas toujours celui des autres. Et nous sommes tous des égoïstes qui voyons midi à notre porte.

— Exact, admet Philippe. Les  pilotes sont des égoïstes, ce qui ne les empêche pas de se préoccuper des leurs et de les aimer. J’avoue par contre être terrifié par l’avenir aujourd’hui. Pas forcément par la maladie et la terreur qui s’est développée, mais par son impact. Outre les malades, les familles des victimes et le personnel de santé mis à rude épreuve, je pense aux commerçants, aux travailleurs indépendants qui se demandent comment ils vont vivre demain, étant précisé que les mécanismes d’aide promis ne leur seront pas forcément applicables car ils ne satisferont pas à tel ou tel critère d’un pouvoir sournois et d’une administration tatillonne. Comment peut-on simultanément fermer les cafés et les restaurants pratiquement sur le champ tout en maintenant le premier tour des élections municipales ? Ah si, j’oubliais, la volonté d’un premier ministre aux abois de s’assurer un parachute s’il parvenait à se faire élire au premier tour dans sa ville. Je pense encore à ceux qui ont déjà du mal à y arriver avec leurs salaires et qui vont se retrouver avec juste une fraction de ce qu’ils touchaient d’habitude. Je pense aux lycéens, étudiants qui se demandent quand et dans quelles conditions ils passeront leurs examens. Je pense à ceux qui exercent leurs activités dans une région saisonnière et qui ne survivront pas économiquement à cette année troublée. Et tant d’autres dont les préoccupations ne sont pas prioritaires mais pour qui ce temps suspendu est un coup dur, voire une catastrophe...

— Catastrophe économique, crise financière et drames à prévoir, ajoute Laurent. Quand nous sortirons du confinement, les cabinets d’avocats et d’experts-comptables vont passer leur temps à préparer des dépôts de bilans. Les chiffres du chômage et des demandes de RSA vont exploser comme jamais encore dans le passé. Réussirons-nous à être les derniers remparts de nos clients contre la misère ?

Tout le monde approuve tristement la sinistre prévision.

— Il va déjà falloir sortir vivants de la pandémie, s’inquiète Julie-Lou.

— En espérant qu’on nous donne de la Chloroquine si nous sommes touchés malgré les manœuvres de la bande à Buzin et de la Macronnie, grogne Philippe. Après tout, si les plus de 60 ans crèvent avant de toucher leurs retraites, ça fera des économies... 

— Tu vas te faire traiter de complotiste si tu dis ça à l’extérieur, s’inquiète Julie-Lou.

— M’en fous, répond Philippe. Je ne le crierai pas sur les toits mais je ne suis pas obsédé par le diktat du politiquement correct. N’oublions pas que quand nous doutons de quelque chose ou de quelqu’un, la vérité se révèle le plus souvent pire que ce que nous suspections. Il faut savoir garder le pouvoir de dire non, de s’élever contre la vilénie, la force qui animé De Gaulle quand il a refusé la soumission et choisi de défendre la France libre.

Pièce-de-boeuf-au-poivre - Copyright-inconnu

Pièce-de-boeuf-au-poivre - Copyright-inconnu

— Parlons de choses plus consensuelles, tempère Marie-Christelle. Ce soir, nous avons préparé des nems puis du dos de colin aux petits légumes avec sa sauce nantaise. Et pour accompagner les mets, un petit Gamay frais. Vous auriez peut-être préféré de la viande les gars, mais comme demain, c’est à votre tour de préparer le dîner et que nous aurons forcément droit à de la viande de bœuf avec une sauce poivre ou béarnaise, nous avons pensé, Julie-Lou et moi, qu’un dîner plus léger serait approprié ce soir...

Éclat de rire général.

Osso-buccco – Copyright-inconnu

Osso-buccco – Copyright-inconnu

— Objection ! clame Philippe. Demain soir, nous ne mangerons pas du bœuf au poivre, mais de l’Osso bucco aux tomates et aux oranges. Je l’ai commandé tout à l’heure à L’Auberge du noisetier. Si le restaurant et l’hôtel sont fermés, la partie plats à emporter reste ouverte. Et nous avons encore le droit de sortir pour des courses de première nécessité.

— Espérons que tous nos proches et tous ceux que nous apprécions prennent bien soin d’eux, conclut Laurent. Hastag StayAtHome puisque le pouvoir n’a pas su fournir des tests, de la chloroquine, du gel hydroalcoolique et des masques à son peuple. Nous ne sommes plus un pays phare mais plutôt une nation naufragée. Pour longtemps, je le crains...

QUELQUES LIENS

Ambiance fin du monde quand la rumeur annonce que tout va s’arrêter  http://circuitmortel.com/?p=4052

Cynisme, retraites et vague de meurtres https://bit.ly/2QpFCai

Flash-back au temps de l’adolescence turbulente de Philippe et Laurent http://bit.ly/1nR7R3i

Quelques livres que j’ai commis https://bit.ly/2FYZvnp

Suivez-moi sur Twitter  https://twitter.com/ThierryLeBras2 , et  pourquoi pas sur Facebook ? http://www.facebook.com/thierry.lebras.18 

Et n’hésitez pas à me contacter si mon savoir-faire coïncide avec vos besoins.

Thierry Le Bras

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 18:32

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que devenaient les héros des romans de votre enfance ? Des personnages comme ceux du Club des 5 ou Michel ont le même âge que le jeune lecteur qui s’identifie à eux. Donc, pour moi, Mick, mon préféré parmi les cinq, est né vers le milieu des années 50. En 2007, après une conversation avec une amie elle-même ancienne lectrice de la série, j’ai eu l’idée de raconter ce que les cinq étaient devenus dans mon esprit. Voici ma version que j’ai plaisir à partager aujourd’hui. Elle n’engage que moi. Chaque adulte qui a lu les fictions d’’Enid Blyton possède quelque part dans son imagination SA suite de la vie des cinq

Les enfants finissent toujours par grandir. Au grand désespoir de Maria ainsi que de madame Dorsel et des parents Gauthier, François, Mick, Claude et Annie sont devenus des adultes. Le père de Claude, quant à lui, a éprouvé un réel soulagement lorsque la petite bande est entrée dans la vie active.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Seul disparu, le pauvre Dagobert. La nature n’offre pas la même longévité aux chiens qu’aux êtres humains. Terrible injustice. Car un grand homme disait, « n’amenez pas votre chien avec vous lorsque vous vous présenterez devant Saint-Pierre. Il entrerait au Paradis tandis que vous seriez rejeté dans les flammes de l’enfer ». Dagobert a rendu son dernier soupir un samedi de printemps, la tête sur les genoux de Claude. La vieillesse l’a emporté, heureux puisqu’il était à côté de sa maîtresse. Claude avait 22 ans. Elle s’est cachée dans sa chambre pour pleurer.

 

A la période de leurs aventures rapportées par Enid Blyton, les quatre cousins jouissaient déjà de caractères bien définis. Ils partageaient une relation très forte qui a résisté aux tempêtes de l’existence. Toujours calme et sérieux, François a suivi des études de médecine. Il s’est spécialisé en ORL et a épousé à la fin de ses études une jeune femme inscrite dans la même filière. Ils sont installés à Grenoble, tout près de leur ville d’origine puisque les enfants Gauthier sont nés à Lyon. Outre les consultations au cabinet, François effectue des interventions dans une clinique privée. Son épouse consulte au cabinet mais n’opère pas. Ils ont trois enfants, deux garçons et une fille.

 

D’un caractère plus aventureux, Mick a fait des études de sciences éco. Intuitif, il a senti le boom de l’informatique à sa sortie de fac. Il a d’abord travaillé dans une entreprise conceptrice de progiciels basée à Orly. Puis il a monté avec son frère une SA spécialisée dans la conception de logiciels destinés aux cliniques privées. Le siège fut fixé à Evry. Ils ont vendu cette société à une entité satellite du groupe IBM en 1992 avec une belle plus-value. Mick est venu s’installer à Grenoble et il a constitué une nouvelle SSII avec François. Leur entreprise a commercialisé des logiciels destinés aux médecins. Après un bon démarrage, ils l’ont cédée à un groupe national en réalisant une nouvelle plus-value. Seul problème, Mick, qui restait directeur commercial pour le quart Sud-Est de la France, a été licencié au moment d’une restructuration consécutive à la reprise du groupe par un géant américain. Après un an de chômage, il a monté une nouvelle S.A.S. avec François autour de deux activités : un réseau de « dépanneurs volants en informatique » et un site Internet pratique sur la santé. Bien que très fonceur, Mick n’imagine pas monter une société sans son grand frère. La présence de François le rassure et le motive bien que l’aîné, très pris par son métier de médecin spécialiste, joue avant tout un rôle de conseiller dans leurs entreprises.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Au plan privé, Mick a connu une vie moins paisible que François. Harcelé par Jo (la gitane qui avait partagé certaines de leurs aventures), il a cédé à ses avances et l’a épousée à l’époque où il arrivait en région parisienne. Le tempérament volcanique de Jo s’accommodant mal d’une vie de couple, ils ont divorcé deux ans après. Jo, devenue entretemps manager de groupes de rock, reste en contact avec Annie qui n’a pas le cœur de mettre des distances avec elle. Elle n’entretient par contre plus aucune relation avec Claude qui ne l’a jamais aimée, ni avec François qui ne lui pardonne pas la façon dont elle a traité Mick. Bien que témoin de son frère au mariage, François fut toujours hostile à cette union. Jo espère secrètement récupérer son ex-mari un jour. C’est fort peu probable car ce dernier s’est remarié en 1990 avec son assistante qui l’a suivi dans l’Isère et enseigne désormais la programmation informatique aux élèves des classes BTS d’un établissement privé. Ils ont un fils dont François est le parrain. Un vrai petit diable qui ressemble beaucoup à son père !

 

D’une santé plus fragile que ses frères, Annie a suivi des études plus courtes : IUT de compta et gestion. Elle s’est mariée à vingt ans avec ami de François et Mick qui suivait des études de pharmacie. Annie et son mari vivent à Grenoble. Ils ont deux filles, moins douces que leur mère mais tout de même très attachantes. Après une période totalement consacrée à ses enfants, Annie a commencé à s’ennuyer à la maison et à se lasser de son rôle de fée du logis. Elle ne voulait pas travailler avec son mari. Elle ne souhaitait pas mélanger vie conjugale et obligations professionnelles, d’autant qu’elle craignait d’être mal acceptée à la pharmacie puisqu’elle n’était ni préparatrice ni pharmacienne.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Elle s’occupe avec beaucoup de sérieux de la comptabilité de ses frères et attire régulièrement l’attention de Mick sur la gestion de ses comptes. Car si François se montre très prévoyant, Mick a plutôt tendance à jouer les « paniers percés ». A titre d’exemple, François roule en Renault Espace gris métal alors que Mick, parti chez un concessionnaire changer son Alfa Roméo 166 essence contre une 156 Turbo diesel, s’est laissé séduire par le flamboyant coupé GTV 3 litres rouge avec intérieur cuir et jantes en alliage qui trônait au milieu du hall d’exposition (le respect de la vérité nous conduira tout de même à révéler que François le lui emprunte de temps en temps).

 

A l’adolescence, Claude a accepté d’être une fille. Elle est d’ailleurs devenue une belle femme, élégante, même si son caractère énergique lui fait préférer les pantalons et les tailleurs stricts aux robes du soir. Claude ne veut toujours pas qu’on l’appelle Claudine. Elle préfère le diminutif à son véritable prénom. Son tempérament très entier ne lui a pas facilité la vie. Claude vit depuis quelques années avec un skipper rencontré dans le cadre de ses activités professionnelles. Car Claude adore la mer et les bateaux. Elle n’aurait pas pu vivre dans une grande ville. Elle a suivi des études d’architecte naval et reste pour l’heure la seule femme à s’imposer dans ce milieu très macho.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Claude dessine des bateaux de course et de plaisance. Elle s’est installée aux Mouettes et travaille dans le fameux bureau du Professeur Dorsel. Ses parents ont choisi de déménager dans une maison de plain-pied. Claude a un fils au tempérament rebelle. Elle en est très fière.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Elle s’est décidée à prendre un Terre-Neuve lorsque son fils a atteint l’âge de six ans. Surtout pour lui. Car elle ne pouvait pas accepter l’idée d’adopter un autre compagnon que Dagobert. Pourtant, elle s’est attachée à leur nouvel ami à quatre pattes. Elle a volontairement choisi un chien à l’aspect très différent de Dagobert afin d’éviter les comparaisons. Claude s’est juré de disputer une Route du Rhum et une Transat anglaise lorsque son fils sera plus grand. Et elle n’exclut pas de participer à un Vendée Globe sur un bateau de sa conception. Son compagnon préférerait qu’elle ne s’expose pas à de tels périls. Mais il ne s’oppose pas à son projet, conscient qu’un contradicteur ne ferait que renforcer la détermination de Claude.

Fanfiction avec le Club des cinq !

Elle reste très liée à ses cousins qui viennent en Bretagne plusieurs fois par an. D’ailleurs, François et Mick ont consacré une grande partie de la plus-value réalisée lors de la cession de leur première société à l’acquisition d’une maison de vacances située à cent cinquante mètres de la Villa des Mouettes. Et bien que n’ayant pas participé à l’acquisition de cette propriété, leur sœur y est une invitée permanente.

QUELQUES LIENS

 

Quand le Rallye des Corsaires rappelle l’atmosphère automobile du Club des cinq et d’autres  romans d’avant  http://bit.ly/2dN78Mk

 

Une p’tite MG, d’autres voitures d’avant, des chansons, des fictions, des souvenirs... http://bit.ly/2dwa5V2

 

Flash-back : l’adolescence à 14 ans et une auto-école différente, en Lotus http://bit.ly/1Q5ghzu

 

Thierry Le Bras

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 18:34

AUVERGNE 1 Qui suis-je ? David Sarel. Thierry Le Bras est mon biographe. Il vous a déjà raconté plusieurs aventures survenues à diverses époques de ma vie. La dernière en date, LE PACTE DU TRICHEUR, s’est déroulée quand j’avais 17 ans  

 

Le temps a passé. Nick, Edmond et Vincent qui ont vécu avec moi le tumultueux Rallye des volcans d’Auvergne ( http://amzn.to/1jAhsoF ) sont restés des amis proches. Je suis devenu avocat. Edmond et Vincent ont repris la ferme auvergnate des parents du premier nommé et l’ont partiellement transformée en camping. Nick est designer et travaille beaucoup dans le secteur automobile. A l’époque du PACTE DU TRCHEUR, Edmond et moi étions navigateurs, ce qui signifie que nous jouions auprès de nos pilotes le rôle qu’assumait Daniel Elena avec Sébastien Loeb. Maintenant, nous sommes passés dans les baquets de gauche, comme Yoann Bonato, comme Evgeny Novikov ! Vincent et Nick sont nos coéquipiers.

 

Contrairement aux grands pilotes cités, nous sommes des gentlemen drivers. Nous ne cherchons pas à faire de la course notre métier. Aucune chance de nous voir en mondial et encore moins en Grand-Prix. Nous suivons cependant de près plusieurs championnats, notamment  celui de Formule 1. Cette année-là justement…

     

Allez-y  

 

 Au début du mois de mars, nous étions en reconnaissances du Rallye des vins de     Touraine. Nous dînions au restaurant avec Edmond et Vincent qui participaient  eux-aussi à l’épreuve. Le sens de l’attaque du sympathique Avignonnais Jean Alesi les impressionnait.  

 

- Il va faire une grande saison,  annonça Edmond. 1997 sera son année, vous allez voir. Je parie qu’il sera dans les trois premiers du Championnat.

 

- Et pourquoi pas champion ? renchérit Vincent.

MIKA.jpg

- Pariez sur Jeannot, ai-je ironisé. Il n’en gagnera pas une cette année. Häkkinen, Schumacher et Frentzen vont tout rafler. Avec peut-être une ou deux victoires pour Panis si les circonstances météo lui permettent de faire des coups d’éclat. Je tiens les paris. Un Magnum de Champagne ?

 

- Une, il en gagnera bien une, plaisanta Edmond. Un Magnum, ce n’est pas assez. Un gueuleton à la Maison du Danemark à Paris.

 

J’ai suivi.

 

- Je m’associe au pari avec Edmond, intervint Vincent.

 

- Je suis, mais avec David, lança Nick.

 

Il fut donc convenu que si Alesi ne gagnait rien, Edmond et Vincent nous payaient une bouffe à la Maison du Danemark à Paris. S’il remportait au moins une course, Nick et moi prenions l’addition en charge. Nous nous régalâmes à l’avance à la perspective de déguster les succulentes recettes de saumon qui font la célébrité de l’établissement des Champs Élysées.    

De course en course…

 Le moral de nos copains se dégrada. Car si les premiers déboires de Jeannot laissaient une marge d’espoir, l’approche de la fin de la saison accroissait nos chances de remporter le pari. Objectivement, nous avons eu chaud à Monza. Alesi a failli gagner. Mais il a rétrogradé en seconde position peu avant le drapeau à damier.  

ALESI.jpg

Et la saison s’acheva sans victoire du pilote Benetton. Edmond et Vincent ont tenu parole. Nous avons fait un super repas à la Maison du Danemark.  

 

Mise en condition

 

J’ai toujours adoré les blagues téléphoniques. Les impostures de Gérald Dahan me font mourir de rire. Entre autres. Les vieilles blagues de Francis Blanche n’étaient pas mal non plus.

 

Dès le dîner à Paris, j’ai commencé à mettre Edmond en condition.

SAUMON MAISON DU DANEMARK - C’est très sympa de nous inviter, ai-je déclaré en prenant un air sérieux. Je t’ai fait un petit cadeau, Edmond. Je t’ai inscrit au Club des supporters de Jean Alesi. Tu devrais bientôt recevoir ta carte de membre, ton cadeau de bienvenue et le bulletin du club.  

 

- Merci, s’enthousiasma Edmond. Ça me fait plaisir. Je l’aime bien, moi, Alesi.

 

Quelques jours plus tard, j’ai rappelé Edmond. Je lui ai demandé s’il avait reçu quelque chose.

 

- Non, répondit-il. Pas encore.

 

Ça ne devrait pas tarder. Mon chèque pour t’inscrire a été débité. Tu recevras tout dans quelques jours.

 

Bien entendu, je n’avais rien adressé au club. Je préparais ma blague.    

Jean et Kumiko aimeraient vous connaître

Edmond et Vincent sont très pris par leur terrain de camping et la ferme. L’épouse d’Edmond est prof. Je savais donc qu’un appel téléphonique au domicile de notre ami un jour de semaine en milieu de matinée donnerait l’occasion d’enregistrer un message sur le répondeur.  

CADRE

J’ai demandé à la compagne d’un autre copain d’appeler et de déclamer un texte que j’avais préparé. Comme elle faisait un peu de théâtre, elle a bien tenu son rôle. En rentrant chez lui, Edmond a écouté le message suivant.

 

- Bonjour. Je suis Amandine, la secrétaire du fan-club de Jean Alesi. Jean et son épouse Kumiko ont été très touchés de votre adhésion. A dire vrai, c’est la première depuis cinq mois. Ils aimeraient vous connaître et vous inviter à dîner à Paris. Rappelez-moi dès que possible afin que j’organise la soirée.

LIASSE DE BILLETSLe message se terminait par un numéro de téléphone à Paris. Celui d’une petite affaire très rentable. Edmond l’a composé immédiatement. Un répondeur vantait les mérites… des massages coquins et relaxants de jeunes femmes pratiquant la méthode suédoise ou d’autres, au choix du client. Edmond a beaucoup ri et ne m’a pas tenu rigueur de cette plaisanterie.  

 

Cette blague, mon ami Denis me l’avait faite quelques semaines plus tôt en me faisant croire qu’il avait rencontré la chanteuse d’un groupe de rock qui voulait me prendre comme avocat. Lui-même avait été piégé par un autre copain etc. etc…

 

Qu’aurait pensé Jean Alesi ? Il a trop le sens de l’humour pour s’offusquer. Son talent n’était pas en cause. L’Avignonnais savait très bien que, comme Nick et moi le pensions, il n’avait pas le matériel pour gagner cette année-là. A dire vrai, nous  n’avions pas été excellents dans nos pronostics. Le vainqueur du championnat ne figurait pas parmi les pilotes que nous attendions à la pointe du combat. Par contre, nous avions détecté le potentiel de Mika Häkkinen qui remporterait les deux titres suivants et étions conscients que Michael Schumacher figurerait durablement parmi les favoris des championnats !    

                                                                                                  David Sarel      

 

NDLR : QUELQUES MOMENTS  A PARTAGER AVEC DAVID

 

Le jour où David tricha lui-aussi… http://bit.ly/1o4PkyL

 

David joue l’intox en F1 http://0z.fr/2zYDt

 

Parfois, David, fin gourmet,  prend le temps de vivre http://bit.ly/1p2CKAh

 

Une présentation du Pacte du Tricheur, scénario mettant en scène les protagonistes de la petite histoire ci-dessus http://www.specialist-auto.fr/39912-pacte-du-tricheur-impressions/

 

Et si vous vous mettiez à  table avec David ?  http://bit.ly/1juLvyH    

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 16:08

Le VTT et le break s’étaient engagés  à quelques secondes d’intervalle dans l’allée du parc de la propriété de Betton près de Rennes. Grégoire, le conducteur de la voiture, était en retard. Une faute lourde qui mettait la maîtresse de maison dans tous ses états.  

VTT-MODELE.jpg   - Position de soumission ! aboya-t-elle d’une voix sèche dès que son mari pénétra dans le hall  d’entrée.  

 

Grégoire s’agenouilla.

 

- Demandez pardon ! grogna-t-elle la bave aux lèvres.

 

Grégoire baissa la tête et la supplia de ne pas lui en vouloir.

 

Un adolescent de quinze ans suivait son père. Il s’agissait de David Sarel, le fils né de la première union de Grégoire avant qu’il se prenne dans les filets de Soizick Pierret, l’employée subalterne devenue maîtresse puis concubine avant d’épouser, la croqueuse de diamants.

 

C’était la première fois que Soizick lançait l’ordre de soumission devant David qui, il est vrai, ne voyait qu’occasionnellement le nouveau couple. La rage et le réflexe conditionné ôtaient toute prudence à la néo-bourgeoise. Le quart d’heure de retard de Grégoire appelait un châtiment sévère. Qu’avait-il fait ? Pourquoi Grégoire et David étaient-ils arrivés en même temps ? Le père aurait-il osé offrir un pot ou un cadeau à son fils ? Intolérable ! Grégoire ne devait jamais oublier que chaque centime dépensé était du pain arraché de sa gueule à elle. C’était ainsi qu’elle l’avait dressé, ce pauvre type.

CREME-D-OSEILLE.jpg  De telles scènes survenaient régulièrement au sein du couple que Soizick Pierret - surnommée par David la morue sauce piquante - formait avec Grégoire Sarel. Car l’épouse vénérée ne respectait pas son homme. Rien ne touchait son cœur en béton armé. Grégoire, c’était un portefeuille sur pattes. Ni plus, ni moins. Elle l’appelait mon petit sou à la crème d’oseille. Il en riait, humilié, ulcéré, mais prêt à tout pour quémander une minuscule miette d’affection qui ne venait jamais. Et si Grégoire mécontentait la morue, s’il commettait quelque chose de grave comme remettre une tournée à quelqu’un qui lui avait payé un demi, la prédatrice le châtiait.  

 

Selon la gravité de la faute, Pierret choisissait une sanction. La double gifle allait de soi. Les crachats aussi. Ils s’accompagnaient d’une interdiction de la toucher pendant plusieurs jours, de la condamnation à lui baiser les pieds… Dans les cas les plus inadmissibles, il était arrivé que Pierret balance un coup de pied dans les parties de l’homme d’affaires. Grégoire acceptait tout. Si les clients de ses agences immobilières et de ses sociétés de promotion se méfiaient tous de Soizick – une dangereuse mégère, personne ou presque n’imaginait ce qu’elle infligeait à celui qui lui vouait sa vie sans aucune réserve. A part bien sûr Valentine Sorbet, la confidente du monstre, une brave gourde qui fondait en larmes à chaque remarque désobligeante de sa bonne copine et lui servait de domestique sans gages depuis l’adolescence.

 

Si David ne se faisait guère d’illusions sur les sentiments de la marâtre envers son père ni sur ses mobiles lorsqu’elle avait entrepris de l’amener dans son lit, il ignorait encore qu’elle le battait.

 

Stupéfait, l’adolescent se demanda si les mots de la morue servaient de prémisses à un jeu sexuel. Pierret allait-elle laisser glisser sa robe sur des sous-vêtements en cuir noir ? Il savait que la gourgandine en pinçait pour Maurice, collaborateur préféré de son père. Elle avait déjà affiché sans complexes ses désirs en public. Après s’être offerte au fils spirituel, la catin espérait-elle déguster de la chair fraiche en jouant avec le fils biologique de son bienfaiteur ?

 

Non. Des gifles claquèrent sur les joues d’un Grégoire désolé et soumis qui implorait le pardon de sa bien-aimée, indifférent à la révolte que la scène inspirait à David. Un crachat souilla la chemise blanche de l’amoureux bafoué.   BOXEUR-5.jpg

David serra les poings. Il se mit en garde, prêt à frapper la morue de toutes ses forces. C’était déjà un garçon bien bâti que rien n’effrayait. Il était comme possédé, avait envie d’avancer, de boxer, de faire mal, de détruire, de transformer la morue en hachis. Pierret n’était pas une femme. D’ailleurs, il l’avait toujours trouvée masculine. Cette créature était un suppôt de Satan, pas un être humain. La harpie pressentit une volée mémorable. Grégoire ne parviendrait pas à arrêter son fils. Elle avait son ticket pour l’hosto... Les yeux marron de son ennemi lançaient des éclairs de haine meurtrière. Avec ses cheveux bruns et ses lèvres serrées, il lui fit songer à un boxeur prêt à cogner avec fureur jusqu’à ce que son adversaire s’écroule sur le tapis, KO pour le compte. Pire peut-être. La morue entrevit la mort. Elle blêmit.  

 

- Pour cette fois, vous êtes pardonné ! lança-t-elle prestement à son mari après avoir reculé de deux mètres.

 

La morue et Grégoire se vouvoyaient. Elle ne tolérerait jamais le tutoiement entre eux. Par ce mode de communication, elle maintenait une distance à laquelle elle tenait comme à la prunelle de ses yeux. D’accord, elle couchait. Il fallait bien consentir quelques sacrifices pour s’accaparer le pognon du roi de l’immobilier. Mais pas question de laisser place à la moindre tendresse.

 

- Question de principes ! se vantait elle à Valentine Sorbet.

 

Grégoire ne bougea pas. Toujours agenouillé, il lança un regard misérable à l’objet de chaque battement de son cœur. David observa que des larmes coulaient sur ses joues. Il avança vers Pierret. Ses envies de meurtre ne le quittaient pas. La morue recula encore d’un pas, terrifiée.

 

- Vous êtes pardonné, répéta-t-elle d’une voix devenue tremblante. Relevez-vous maintenant. Mais relevez-vous, bon dieu !    

VTT-DEPART.jpg

Tête basse, Grégoire se remit sur ses pieds. La morue pleurnicha en marmonnant qu’il fallait bien qu’elle impose une discipline à son mari, que c’était pour son bien, qu’elle préférerait ne pas avoir à faire ça. David s’éclipsa et remonta sur son VTT. Son père ne fit pas mine de le retenir. Grégoire ne pensait qu’à sécher les larmes de crocodile de sa petite Soizick chérie, reptile sorti des entrailles du diable. L’adolescent quant à lui ne se serait pas senti capable de rester déjeuner avec ses hôtes comme si rien ne s’était passé. De toute façon, il savait très bien qu’il n’avait plus rien à faire avec cette branche de sa famille. Il n’estimait plus son père. Il se souvint que Grégoire ne l’avait jamais défendu contre rien ni personne. Il comptait pour du beurre. Dès qu’il serait majeur, il éviterait les corvées des sournoises invitations dominicales. L’incident du jour avait encore attisé la haine mortelle qui opposait David Sarel et Soizick Pierret. Une haine de fauves, agissante, qui durerait jusqu’à la mort du perdant.  

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE

 

En tant qu’auteur, je suis en quelque sorte le biographe de David Sarel. Il vit dans un monde parallèle - comme tous les personnages de fiction - et il m’autorise à raconter des épisodes survenus à diverses époques de son existence. Dans quelques jours, la version électronique du PACTE DU TRICHEUR, un polar jeunesse teinté de fantastique sur fond de rallye, sera disponible.

 

NOTE MODIFIÉE LE 1er juillet 2016

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LE PACTE DU TRICHEUR  est désormais disponible ICI  http://amzn.to/1jAhsoF

 

Angoisse au bord de la piste  http://0z.fr/U10ZB

 

Première sortie de piste pour Ronan http://bit.ly/1TPtP0s   

le temps passe ; retrouvez une histoire humoristique où Éric, un garçon qui deviendra quelques années plus tard le parrain de David, est encore à l’école primaire et se montre turbulent le jeudi…

 

Les pilotes automobiles ont tout des héros positifs de fiction ; l’exemple de Yoann Bonato, un des meilleurs rallymen français :

1 – http://bit.ly/1Sx0dre

2 – http://bit.ly/1ZOHjRc

3 - http://bit.ly/1OO1tQV  

 

Specialist Auto, un site qui promet pour les fans d’automobile !

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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 15:36

« Problème sur la piste, annonça le speaker de l’épreuve. Sans doute une sortie de route. Nous attendons des informations. Je reprendrai le micro dès que nous en saurons plus. »   LAMBADA.jpg  Les hauts parleurs  diffusèrent la Lambada, une musique festive, suggestive, composée pour faire la fête, danser et draguer, décalée après le coup de massue provoqué par l’annonce d’un probable accident. Un groupe de jeunes était installé au virage du transformateur, 400 mètres après le départ de la Course de côte du Mont-Dore – Chambon-sur-Lac. Leurs visages se tendirent. A cet instant précis, tous s’inquiétaient pour un proche en piste. D’autres spectateurs en profitèrent pour se rapprocher  des buvettes. Le spectacle marquait une pause. Aucune voiture ne passait plus… Sauf une ambulance en route vers le lieu de l’accident.  

SCIRROCO-MONT-DORE.jpg

En course de côte, les concurrents  partent chacun leur tour, comme dans un contre la montre du Tour de France. Les temps réalisés déterminent le classement. Ce deuxième samedi d’août était consacré aux séances d’essais. Il était 13 heures. Les voitures partaient toute les 30 secondes, de telle sorte que 5 ou 6 pilotes se trouvaient en piste en même temps sur les 5 kilomètres du parcours.  Les chronos de ces essais donneraient une première idée de la hiérarchie qui se dégagerait à la fin du week-end. Vers 16 heures 30, une seconde montée  permettrait aux compétiteurs de parfaire leur approche des limites. Le dimanche, ce serait la vraie course sur deux montées. Le meilleur temps déterminerait le classement final. Enfin, pour ceux qui n’auraient pas été éliminés par une sortie de route ou un problème mécanique.

 

David allait sur ses 17 ans. Encore trop jeune pour piloter une voiture en compétition... Il s’y préparait pourtant. D’abord en se battant comme un lion sur les pistes de kart. Et depuis quelques mois, en naviguant son oncle et parrain Éric lors de rallyes dans l’Ouest de la France. Dans cette discipline, l’équipier ne prend pas le volant de telle sorte que les jeunes ont le droit de monter dans le baquet de droite dès seize ans.    

AUVERGNE-1.jpg  Dans trois semaines, David devait participer au Rallye des Volcans aux côtés d’Éric. Une épreuve importante. L’équipage disposerait d’une Vivia GT officielle. Une machine avec laquelle ils viseraient la victoire au classement général ! Le parcours emprunterait la route au bord de laquelle il jouait ce samedi le rôle de supporter d’Éric, celle qui part de la Vallée de Chaudefour et grimpe jusqu’au Col de la Croix Saint-Robert. Un site superbe offrant un panorama magnifique sur le Lac Chambon et le relief apaisant des montagnes d’Auvergne, mais un tracé délicat où seuls les meilleurs pilotes brillaient. La sortie de piste sanctionnait la moindre erreur. D’autant que la météo ne faisait pas de cadeaux aux concurrents. Un ciel lourd et sombre succédait au soleil de plomb qui avait noirci les peaux des touristes les jours précédents en même temps qu’il propulsait le chiffre d’affaires des marchands de glaces et de boissons fraiches. Si le bitume restait encore sec au départ, des gouttes de pluie synonymes de changement d’adhérence étaient annoncées à partir de la carrière, plus haut sur le parcours. L’orage grondait au loin et menaçait de s’inviter à la fête.  

 

David posa ses mains sur les épaules de  son jeune cousin  Arnaud. Le fils d’Éric avait neuf ans et manifestait déjà une grande passion pour tout ce qui va vite avec un moteur. Arnaud adorait  David qui se comportait toujours avec lui comme un grand frère attentionné et protecteur.

 

- T’inquiète pas bonhomme, lança David. Ce n’est sans doute rien. Un tête à queue ou une légère touchette. Le branle-bas de la sécurité se met en route par précaution, comme d’hab.

PERE-EDMOND.jpg  Edmond, un garçon de l’âge de David, serrait la mâchoire, Son père, Thomas, participait à la course de côte au volant d’une BMW M3. Edmond imiterait bientôt David. Il naviguerait pour la première fois son père au Rallye des Volcans. Thomas et les siens exploitaient une ferme à quelques centaines de mètres du départ de la course. Ils y avaient ouvert des chambres d’hôtes et un camping à la ferme. Éric et son équipe séjournaient chez eux chaque fois qu’ils venaient au Mont-Dore. Tout comme Roland, un autre pilote breton dont Charles, le frère cadet, suivait le même parcours scolaire que David depuis la sixième. Charles, c’était un des costauds du lycée. Un gars solide qui pratiquait le judo en compétition et avait remporté plusieurs coupes.  

 

- Je fais comme Jean-Claude Andruet, expliquait-il quand David et Edmond l’incitaient à faire moins de judo et plus de kart. Andruet a brillé en judo avant de devenir rallyman. J’apprends à me donner à fond et à me maîtriser dans un sport de combat. Après, je deviendrai pilote.     ERIC.JPG  Aujourd’hui, Éric, Thomas et Roland couraient dans la même catégorie (pour les spécialistes, les voitures du groupe A de + de 2000 cm3). Le premier pilotait un Coupé Vivia  2.0 T, le second une BMW M3 et le troisième une Peugeot Turbo, Éric faisait partie des favoris de la catégorie, Thomas se plaçait en outsider et Roland espérait simplement un classement honorable. Sa voiture ne lui permettait pas de jouer les premiers rôles et il se savait moins performant que ses rivaux. Au moment de l’interruption des commentaires, ils se trouvaient tous les trois en piste. LOTUS.JPG  Clarisse, une charmante  jeune fille aux longs cheveux clairs, rejoignit le groupe. C’était la sœur d’Edmond. Elle était née un an après lui. Clarisse ne partageait pas les passions de son frère pour la montagne et la course automobile. Elle aspirait à une vie sereine dans un cadre moins rude. Elle ne comprenait décidément pas le bonheur qu’éprouvaient les pilotes à flirter avec les limites sur des routes piégeuses.  Pourquoi ne pouvaient-ils pas se contenter de déjeuners sur l’herbe dans les cadres apaisants des bords de lacs ? S’ils ne se chargeaient pas à l’adrénaline, ils n’infligeraient pas aux leurs des terreurs comme aujourd’hui, maugréait-elle silencieusement. Elle s’était d’abord installée 100 mètres avant le gauche du transformateur. En pleine ligne droite, là où rien ne peut se passer, en principe. A l’annonce d’un pépin sur la piste, elle venait chercher du réconfort auprès de son frère.  

 

- Les pilotes sont des égoïstes un peu fous, assénait habituellement  Edmond quand elle lui confiait ses états d’âme. C’est ce qui fait leur charme. Si tu prives un pilote d’émotions fortes, tu en feras un homme normal, c’est-à-dire médiocre, sans intérêt, éteint, rondouillard avant l’âge… Rappelle t’en si tu sors un jour avec un pilote.

 

Pas question de formuler ce genre de considérations aujourd’hui. Edmond se contenta d’un banal « ça va aller » lorsqu’elle le rejoignit.

ATTENTION-LES-ENFANTS-DANGER.jpg  La sono continuait à diffuser les tubes de l’été. Attention les enfants danger (par Michel Sardou), puis Cœur de loup (Philippe Fontaine), succédèrent à La Lambada. Les hauts parleurs crachotèrent quelques secondes avant de se taire. Des informations étaient imminentes. David et Arnaud étaient persuadés que c’était Éric qui était sorti. Il jouait la gagne dans sa catégorie. Il devait attaquer et prendre des risques dès les essais. Une Sierra Cosworth passa devant à eux dans le sens de la descente. Elle était partie juste derrière Éric, Thomas et Roland. Le speaker annonça le chrono de la M3 qui s’était élancée avant eux. C’était donc obligatoirement un des proches des jeunes qui avait connu un problème. Des larmes coulèrent sur les joues de Clarisse. L’accidenté, c’était forcément son père. Il avait préféré louer une BMW M3 pour cette course parce qu’il ne voulait pas risquer un pépin avec sa Lotus avant le Rallye des Volcans. Il connaissait moins bien la BM que la Lotus. Il s’était fait piéger. Edmond culpabilisait. C’était pour être sûr de ne pas casser la Lotus et de disputer le prochain rallye avec lui que son père avait pris cette décision. Charles quant à lui se disait que son frère était un pilote bouillant qui ne possédait pas l’expérience d’Éric ni même celle de Thomas. Il était probablement parti à la faute sur le mouillé. Et depuis la veille, une peur sourde le torturait, la dérogation stupide au rite protecteur. Les larges épaules de Charles  s’affaissaient sous les affres de l’attente. Les gorges devenaient  de plus en plus sèches. Les cœurs battaient fort. Tous se sentaient gênés. La nouvelle qui soulagerait les uns risquait de s’abattre sur les autres avec la violence de la foudre. Arnaud ne quittait pas David d’une semelle. L’aîné des cousins s’efforçait de dissimuler sa propre inquiétude et répétait aux autres de ne pas s’en faire. Avec les arceaux dont étaient équipées les voitures, les harnais qui maintenaient le pilote dans son baquet et le casque intégral, rien ne pouvait arriver au pilote. Arnaud faisait semblant de le croire et rassemblait son courage afin de ne pas pleurer. Les autres membres du groupe approuvaient les propos de celui d’entre eux qui connaissait le mieux la compétition pour être déjà monté dans une voiture en course. David disait presque la vérité. Les accidents corporels sont devenus rares en compétition automobile. Cependant, la course comportera toujours une marge de risque. Ils le savaient tous, même le petit garçon de neuf ans.    

FRERE-CHARLES.jpg  Le speaker reprit enfin la parole.  

 

- Les essais  vont reprendre dans quelques minutes, annonça-t-il. Le temps de dégager complètement la piste et de permettre aux concurrents stoppés dans leur montée de revenir prendre leur place dans la file de départ. C’est la 505 T de Roland Calloc’h qui est sortie de la piste dans une enfilade peu après la carrière. Une sortie très spectaculaire mais sans dommage pour le pilote. Par contre, la 505 T est totalement détruite. Elle ne reprendra pas la piste ce week-end.

 

- Pas si grave, dit David en donnant une claque amicale dans le dos de Charles. Roland n’a rien. Une auto, ça se remonte. En plus, ton frère est garagiste. Il y arrivera rapidement.

 

- Tant qu’il n’y a que de la tôle, enchaîna Edmond. Un jour ou l’autre, tout pilote rentre avec une voiture cassée sur le plateau.

STIRLING.jpg  - Je suis plutôt soulagé, confia Charles. Je savais que le week-end se passerait mal. J’ai craint le pire. Roland a un porte-bonheur qui l’aide en course. Un petit nounours blanc que lui a offert papy. Il s’appelle Stirling, comme Moss, le pilote préféré de notre grand-père. Entre les courses, mon frère range Stirling dans la première coupe qu’il a gagnée dans une course de côte régionale à Maure de Bretagne. Hier au moment de passer aux vérifications, il s’est rendu compte qu’il l’avait oublié à la maison. Il a prétendu que ce n’était pas grave mais je suis certain que ça l’a perturbé autant que moi. La force et la sérénité n’étaient plus avec lui.  

 

- Il faut faire attention à ses choses-là, approuva Clarisse.

 

- Elles servent à nous protéger, poursuivit Edmond. La course automobile est pleine d’aléas. Des compagnons  comme Stirling concentrent l’amour de ceux qui nous aiment et ils nous aident à vaincre les influences négatives.

 

David n’ajouta rien. Il restait convaincu que les forces qui avaient trompé Roland étaient purement physiques et résultaient tout simplement d’une mauvaise appréciation de l’adhérence de ses pneus compte tenu de sa vitesse, de l’état du revêtement et de l’angle du virage dans lequel le contrôle de la 505 T lui avait échappé. Mais il ne voulait blesser ni ses hôtes auvergnats ni un de ses meilleurs amis de lycée. Libre à eux de chercher  à se rassurer en sacrifiant à des rites et superstitions qui ne le convainquaient guère…    

AUVERGNE 2

  David ne se doutait pas que trois semaines plus tard,  lors du Rallye des Volcans, il allait se trouver confronté à des événements stupéfiants, inquiétants, incompréhensibles, qui mettraient son esprit rationnel à rude épreuve avant de le sensibiliser aux superstitions qui hantent les paddocks depuis la naissance de la course automobile…  

 

Les sports mécaniques  intègrent tous les ingrédients d’un bon roman : des personnages attachants auxquels s’identifier, du suspense, de l’angoisse, des temps forts… Ce Rallye des Volcans en Auvergne qui va faire douter David, je vais vous le raconter dans quelques jours, au fil des pages  d’un livre dont la version électronique est sur le point de sortir (octobre). Le roman est préfacé par un pilote que j’apprécie beaucoup et qui est une des valeurs sûres du rallye français après avoir débuté  comme navigateur à l’âge de 16 ans !  Je vous en dirai plus très bientôt, c’est promis.

 

NOTE MODIFIÉE LE 5 AOÛT 2016

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LE PACTE DU TRICHEUR est maintenant disponible au prix de 0,98 € en cliquant sur le lien qui suit (les premières pages sont accessibles gratuitement) : http://amzn.to/1jAhsoF

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE

 

Au cœur de la course automobile dès l’adolescence, c’est ce qu’a vécu David. Un week-end agité au Grand-Prix d’Angleterre http://0z.fr/2zYDt

 

Pour tous ceux qui ont rêvé d’une auto-école différente, par exemple en Lotus… http://bit.ly/1Q5ghzu  

 

People et automobile : embarquez en Pontiac Firebird, Ford Mustang et Lotus Esprit avec Richard Grieco http://bit.ly/1MJglo6  

 

Quelques années plus tard, David Sarel aux 24 Heures du Mans (docufiction) http://bit.ly/25TaV2X  

 

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Thierry Le Bras  

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 18:19

 Pour un auteur, les héros positifs sont ses amis. Il est leur biographe. Il souffre avec eux quand les choses vont mal. Car les personnages de fiction vivent dans un univers parallèle où ils entraînent leur créateur et leurs lecteurs (paraphrase d’une citation de  Serge Dalens).

 

De temps en temps, comme beaucoup d’auteurs, j’ai envie de placer les héros de mes polars dans des situations moins dures que celles qu’ils affrontent dans mes livres et autres nouvelles. Alors je vous raconte d’autres épisodes de leurs vies. Des histoires sans drame, avec juste des anecdotes relatives au sport et à la vie quotidienne   ALFA.JPG

A l’heure où je travaille sur une nouvelle édition de CIRCUIT MORTEL A LOHÉAC, je me suis souvenu de quelques week-ends de course où Éric, un des personnages principaux du roman, allait chercher des victoires en course de côte sans que personne n’essaie de le tuer. Autre personnage important de ces épisodes, Ronan Le Mat, dit Ronnie, héros d’une de mes 7 Nouvelles pimentées. Voici donc DUEL AU SOLEIL DES COTEAUX, une bagarre de jeunes pilotes insouciants et acharnés, des gars qui se chambrent volontiers mais prennent plaisir à exacerber leur rivalité, des bons vivants qui passent du bon temps et le font partager. Une histoire réaliste en 4 chapitres, une ambiance authentique pour un moment de détente au bord d’une piste de course de côte. DUEL AU SOLEIL DES COTEAUX, un feuilleton automobile en 4 épisodes :

 

Épisode 1 :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/23/duel-au-soleil-des-coteaux.html  

SIMCA 1200 S 1 - BIS JPEG

Épisode 2 :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/25/duel-au-soleil-des-coteaux-2.html

 

Épisode 3 :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/26/duel-au-soleil-des-coteaux-3.html

 

Épisode 4 :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/27/duel-au-soleil-des-coteaux-4.html

 

Vous pouvez retrouver Éric et Ronnie à d’autres moments drôles ou dramatiques de leurs vies sur ce blog :   BLESSURES DE GUERRE 

PREMIÊRE SORTIE DE PISTE POUR RONAN

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-premiere-sortie-de-piste-pour-ronan-86011129.html

 

RONAN CONTRE LA MÈRE POUPOUNE

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-ronan-contre-la-mere-poupoune-108745485.html       CHAPEAU CAPELINE

UNE DAME, UN CHAPEAU, UNE DAUPHINE

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-une-dame-un-chapeau-une-dauphine-92333449.html

 

JOUR DE GLOIRE POUR RONNIE

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-jour-de-gloire-pour-ronnie-a-saint-germain-sur-ille-109843674.html   1 DE COUV 

Èric et Ronnie sont des acteurs de mes 7 Nouvelles pimentées, un menu de lecture que je vous ai mijoté et que je vous invite à déguster dans la meilleure convivialité :

http://circuitmortel.hautetfort.com/tag/7+nouvelles+piment%C3%A9es

 

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 15:43

LA-MOTO-DE-RONNIE.JPG   

Ronan Le Mat, dit Ronnie, avait toujours rêvé de de devenir un champion. Il méritait son heure de gloire, le petit blond au visage parsemé de taches de rousseur. Physiquement costaud, courageux, il avait pratiqué la lutte bretonne à l’époque de l’école et du collège.     LUTTE-1--JPEG.jpg 

  Il adorait les confrontations, L’esprit de défi du Gouren (lutte bretonne) lui convenait à merveille. Il savait aller au bout de lui-même et sortait des joutes exténué. Seul problème, cette discipline qu’il considérait comme le sport à l’état pur, celui où on ne triche pas, celui où la force physique, l’équilibre et la volonté s’expriment comme dans l’antiquité, ne lui rendait pas son amour. La lutte bretonne lui avait certes valu des victoires, mais aussi son lot de Lamm (l’équivalent de l’ippon en judo), de souffrances et d’humiliations, les épaules sauvagement plaquées au sol par un combattant plus efficace. Car s’il se montrait un adversaire coriace lorsqu’il chahutait avec ses copains, il n’était pas assez bon pour faire partie de l’élite. Juste un lutteur honnête dans son club et dans les tournois locaux. Au lieu de se servir de ses réflexes, il se laissait trop souvent entraîner dans les épreuves de force où celui qui a le plus de puissance soulève l’autre ou l’immobilise. Dès qu’il avait gagné un ou deux combats, les équipes adverses savaient qu’en lui opposant un lutteur aux bras de colosse, elles l’empêcheraient de remporter le maout, c’est-à-dire trois combats d’affilée. La lutte restait synonyme de frustration Chez Ronan.

 

Le jeune homme ne renonça pas pour autant à la gloire sportive. Il n’avait peur de rien. A 16 ans, il s’était lancé dans la course de côte à moto, un sport particulièrement dangereux. Il y connut de grandes joies, celles des victoires, mais aussi des frayeurs, des déceptions, la douleur physique après des chutes, une fracture ouverte d’un bras qui nécessita opération chirurgicale et rééducation.     CHUTE-AU-TT-2--jpeg.jpg   

L’accident l’avait touché au Tourist Trophy, une course de dingues organisée chaque année sur l’Ile de Man. Le TT, c’est une sorte de spéciale de rallye sur des routes habituellement ouvertes à la circulation, 60 kilomètres entre les obstacles naturels, rails, arbres, talus, murs… Ronnie s’était dit que s’il se classait dans les 5 premiers, il deviendrait un pilote qui compte, un caïd capable de trouver des partenaires qui le feraient monter en GP. Au départ, il se sentait bien. Dès les premiers mètres, il se battit comme un beau diable. Le chrono ne pouvait pas lui résister. Ronnie avait le sentiment de le dominer, comme un adversaire qu’on soulève de terre pour le porter en dehors de l’espace de lutte. Au bout de 34 kilomètres, le rêve s’était effondré. Un décollage mal maîtrisé sur un dos d’âne, l’éjection de la moto, le vol plané, la chute brutale sur le bitume, la glissade qui dure une éternité, les roulés boulés, un choc effrayant, une douleur atroce, le sang qui coulait dans sa combinaison, tout  le corps transformé en hématome, l’hôpital, le rapatriement sanitaire… Cette fois, Ronnie n’était pas seulement blessé dans son amour propre, mais aussi dans sa chair. L’expression écorché vif prenait tout son sens. Plus question d’aller jouer sur deux roues dans la cour de Giacomo Agostini, Johnny Cecotto, Phil Read, Hideo Kanaya, Walter Villa…

 

Ronnie en pleura de rage sur son lit d’hôpital. Puis un nouveau plan avait mûri dans la tête du jeune homme acharné à se forger un destin hors du commun. Il allait courir sur quatre roues comme ses copains Éric, Freddy, Luc… Ils allaient voir ce qu’ils allaient voit, tous ceux qui doutaient qu’il soit né pour écrire une légende de champion. A Saint-Germain sur Ille dans la région de Rennes au mois d’avril1978, il était décidé à frapper un grand coup. Saint-Germain sur Ille, ce n’était pas à proprement parler sa course à domicile. Ronan travaillait et habitait à Lanester dans le Morbihan. Mais il aimait cette épreuve où il avait brillé à moto et surtout, il fallait qu’il parvienne à vaincre le signe indien qui lui gâchait la vie depuis l’hiver précédent.

 

Le rêve de Ronnie

 

Ouvrier Carrossier, Ronnie n’avait pas réussi à s’offrir la voiture de ses rêves, une barquette Priceley  équipée d’un moteur BMW 2 litres développant plus de 300 chevaux. Il y avait cru pourtant. Comme beaucoup de pilotes, il avait tout fait pour décrocher le sponsor providentiel, celui qui changerait sa vie, lui permettrait de courir dans de bonnes conditions, voire de devenir pro. Bon, à 25 ans, il savait que c’était foutu pour la F1. Mais pourquoi ne pas envisager une carrière comparable à celle de Jimmy Mieusset ou de Christian Debias ? Un programme complet en courses de côtes avec en plus, cerise sur le gâteau, les 24 Heures du Mans ?     PRICELEY-2-LITRES.jpg 

L’enjeu transcendait Ronan. La chance semblait enfin frapper à sa porte. L’occasion de sa vie. Son copain Franck lui avait fait une proposition. Il paraissait  très à l’aise financièrement grâce à son agence immobilière lorientaise, à son bar américain et, selon de méchantes langues, à des activités moins avouables. Ses entreprises les plus discrètes lui valaient le surnom évocateur de Monsieur Franck.

 

- Ronnie, j’ai envie de faire Le Mans, avait annoncé l’homme d’affaires, Je paye le tiers d’un proto et du budget du Mans. Le reste du temps, tu cours en côte avec le proto.

 

La proposition était alléchante. Ronnie avait proposé à son copain Éric Trélor d’intégrer l’équipage. Il avait accepté. C’était important l’accord de ce troisième acteur. Éric était un super pilote qui avait réalisé une saison 1977 exceptionnelle avec une Alfa 2000 GTV. Il s’adapterait encore plus vite que ses équipiers  à un proto. Ses relations amicales, quasi fraternelles même, avec Freddy Vivien, pilote de Formule 1, donnaient de la crédibilité au défi. Éric s’entendait aussi parfaitement avec Franck dont il était l’avocat attitré. Il rembarrait avec morgue tous ceux qui dénigraient le businessman. Éric avait fait équipe une fois avec Franck sur une grosse Porsche. C’était aux 100 tours de Magny Cours. Il y avait tourné plus vite que le propriétaire de l’auto. En plus Éric, jeune avocat ambitieux, maîtrisait le milieu des affaires. Il avait géré le schéma de constitution des Automobiles Vivia (1), un nouveau constructeur breton d’automobiles de sport autour duquel Freddy Vivien et lui avaient fédéré des partenaires régionaux. Si Éric croyait au projet Le Mans, tous les espoirs étaient permis.     LUTTE-2-RCL-JPEG.jpg 

L’automne et l’hiver précédents, les trois pilotes s’étaient démenés pour finaliser  le programme. Ronnie se disait que si  tout roulait comme il l’espérait, il pourrait bientôt quitter son patron et vivre de la course, sa passion. Il était d’autant plus acharné que Luc Crillon, celui qu’il considérait comme le rival, semblait à deux doigts  de trouver un volant sur une Porsche GT pour les 24 Heures. Luc était un petit brun à la carrure de rugbyman, Il dominait Ronnie au bras de fer, à la lutte, cet art que Ronan avait tant aimé, à vélo, en natation… Il fait dire que Luc était prof de sport et que physiquement, c’était une vraie bête. En 1977, il avait couru sur une Rallye 2, une auto plus efficace que la Simca 1200 S de Ronnie. Certes, ils ne s’engageaient  pas dans la même catégorie et le carrossier avait remporté des victoires de classe tout en finissant derrière le prof au scratch, mais la dragée restait dure à avaler. Surtout que Luc se montrait volontiers ironique et provocateur. Malgré une réelle camaraderie, les deux garçons se charriaient tout le temps et Ronnie vivait ses déconfitures régulières  à la lutte et dans d’autres affrontements comme autant d’offenses. Alors forcément, piloter une voiture avec laquelle il aurait écrasé Luc, c’était un vrai rêve.    

    ALFA-ERIC.jpg 

   Dans un premier temps, avant d’oser envisager le proto Priceley et Le Mans, Ronnie avait pensé racheter l’Alfa de son pote Éric. Une auto qu’il connaissait bien pour l’avoir réparée après que son pilote, dans un excès d’optimisme, ait détruit l’avant. « Un talus imprudent qui a traversé la route sans regarder», avait plaisanté le pilote Alfa, peu désireux de s’étendre sur l’erreur d’appréciation ayant entraîné un freinage trop tardif. Mais l’Alfa ne serait plus dans le coup en 1978. Les voitures de course sont comme les sportifs humains. Un jour, des rivales plus jeunes, plus musclées, mieux campées sur leurs appuis, les poussent à quitter le ring et à accepter la retraite sportive.

 

Ronnie avait alors songé à une Golf GTI. Une voiture invincible dans sa catégorie, à l’aise en côte comme en rallye. Puis grâce à la mise de Franck, l’idée d’un proto avait germé. Cette Priceley représentait plus qu’une simple voiture, plus encore que l’obsession de chaque pilote de participer un jour aux 24 Heures du Mans. Ce proto, c’était une nouvelle vie, l’Eldorado, mieux que les  rêves de gosse qui avaient été tour à tour détruits  par la cruauté d’un destin impitoyable.     PRICELEY-2.jpg

Les recherches de sponsors commencèrent plutôt bien. Les relations de Franck et d’Éric ainsi que le soutien affiché de Freddy Vivien amenèrent tout de suite quelques partenaires. Début décembre, le trio atteignait 50% du budget nécessaire à la saison qui incluait l’engagement de Ronnie à 12 courses de côtes en plus du Mans. La semaine avant Noël, Pierre Razin, un industriel vendéen spécialisé dans la fabrication de meubles en bois blanc donna son accord de principe. Une grosse pub sur une voiture au Mans, c’était ce qu’il lui fallait pour assurer sa notoriété et se positionner auprès des géants de la VPC.

 

- Le Père Noël avant l’heure, s’enthousiasmait Ronnie.

 

Seulement, tout le monde sait que le Père Noël n’existe pas. Fin janvier, les contrats n’étaient toujours pas signés malgré les promesses du PDG des meubles Razin et l’insistance du trio.

 

- Dans quinze jours, il faut payer un acompte sur l’engagement aux 24 Heures, fit observer Éric au directeur financier. En plus, je ne sais plus quoi dire à Tom Priceley pour qu’il nous réserve une de ses voitures. Un proto Priceley, ce n’est pas une R5. Il n’y en a plus que deux prêts à l’usine. Si nous ne confirmons pas notre option en payant le solde dans la semaine, la voiture que nous voulons va nous passer sous le nez.

 

Gêné, le directeur financier lui promit de reprendre contact. Et là, le Père fouettard succéda au Père Noël.    SIGLE-LE-MANS-1978.jpg   

- J’ai une mauvaise nouvelle, annonça le directeur financier dès le lendemain. Les Meubles Razin ne vous soutiendront pas. Monsieur Razin n’est plus PDG. La société va être vendue. Moi-même, je m’en vais à la fin de la semaine.

 

Ceux qui résistent aux coups durs du sport automobile sont capables de survivre dans n’importe quelle jungle, assurent les vieux crocodiles du milieu. Dans ce monde, tout est amplifié, les joies comme les tristesses, les succès comme les échecs. Le retournement de Pierre Razin résultait d’un aléa qu’il n’avait pas prévu. Il entretenait une liaison avec une coiffeuse, sans songer à l’épouser. Seulement, la petite grue avait mis la pression en prévenant sa femme. Or, madame Razin et ses parents détenaient avec des amis de la famille 56% du capital de la société, donc le pouvoir. Le mari volage était mis en minorité, viré, sous le coup d’une procédure de divorce  et contraint d’accepter le projet de sa future ex-femme, tout vendre à des concurrents. Après avoir encaissé  le prix de ses actions, il n’aurait qu’à ouvrir un lupanar avec sa shampouineuse à Trifouilli les 3 canards ou à Suzon la Forêt pourvu que ce soit loin de la Vendée dont madame Razin entendait le chasser. Plus question de faire le beau en sponsorisant une auto de course. Monsieur Razin apprenait à ses dépens qu’une petite grue, ce n’est pas fiable et ça coûte autrement plus cher que la course automobile.

 

Ronnie, Franck et Éric étaient coincés. Il était trop tard pour trouver de nouveaux partenaires. Si Franck et Éric se firent une raison, Ronnie encaissa plus douloureusement l’uppercut. Ses chances de devenir professionnel s’effondraient. Il ne changerait pas de vie. Les filles ne le verraient jamais comme une star à séduire. Elles lui préféreraient Luc, plus extraverti, plus drôle, plus à l’aise dans ses baskets qui, en plus, assurait que son programme était en bonne voie.     COURSE-CYCLISTE-JPEG.jpg 

- Tu y arriveras une autre année, plaisantait Luc. Et comme moi, je connaîtrai Le Mans, je te prodiguerai mes conseils avisés pour t’aider à ne pas être ridicule, voire à te qualifier. Bon, dans tous les sports, je suis le meilleur, mais je reconnais que tu progresses grâce à moi. Regarde, la première fois qu’on a fait la course à vélo, je t’ai mis minable. Maintenant, tu finis encore bien derrière, mais tu es presque à un niveau acceptable.

 

Bien que n’étant pas d’un naturel jaloux, Ronnie n’apprécia pas trop la condescendance de son camarade qui appuyait cruellement sur un point qui faisait mal, son infériorité physique face à son rival. Alors que s’il était devenu pilote professionnel, il aurait remis ce crâneur de Luc à sa place.

 

Le choix des armes de Ronnie

 

Non seulement Ronnie ne ferait pas de la course son métier, mais par-dessus le marché, il n’avait pas de voiture pour la saison à venir. La Simca 1200 S de l’année précédente, à bout d’homologation, avait été vendue à un prix qui ne permettrait pas de la remplacer par une bête de course dernière génération. Le carrossier cauchemarda de saison blanche, ou au mieux d’une Autobianchi Abarth, une auto sympa mais peu puissante.  

 

RALLYE-3.jpg 

Avec l’Abarth, il lutterait dans sa classe, mais Luc qui, en plus du Mans sur Porsche, possédait une Rallye 3 pour les autres épreuves, se moquerait encore des secondes qu’il lui collerait au scratch.   KADETT-GTE-jpeg.jpg 

Éric vint le premier à son secours. L’avocat commencerait la saison de rallyes et de courses de côtes sur une Kadett GTE 2 litres en attendant l’homologation de la nouvelle Vivia en GT, sans doute début mai. Vivia et les montres Time O’Clock, sponsors historiques de Freddy Vivien et d’Éric, fourniraient alors  une Vivia à l’avocat pilote (1). En attendant, Freddy  avait acheté avec Éric une Kadett GTE pour que ce dernier ne manque pas le début de saison. Time O’Clock n’avait pas suivi le programme Le Mans car la firme préférait concentrer ses efforts en circuit sur Freddy, mais à part cette exception, la firme se montrait généreuse avec Freddy et Éric. Fin mai au plus tard, une fois la Vivia homologuée, la Kadett GTE serait disponible. Freddy, copropriétaire de l’auto, était d’accord pour la prêter à Ronnie qu’il était disposé à aider.    

 ESCORT-2000-RS.JPG 

Bien que reconnaissant à ses amis de lui remettre le pied à l’étrier, ou plutôt sur l’accélérateur, Ronnie n’était pas enchanté. Non seulement parce qu’il retombait sur terre après avoir plané sur des illusions merveilleuses, mais surtout parce qu’il savait très bien que la Kadett GTE, arme absolue en rallye, ne lui permettrait pas de résister aux Ford Escort 2000 RS en côte. Or, parmi les pilotes d’Escort figurait Jacques Dumoulin, le grand copain de Luc. Jacques était un bon pilote qui avait fait ses classes sur une Alfa 2000 GTV. Il avait mené la vie dure à Éric et l’avait même battu à certaines occasions. Ronnie, qui se considérait moins rapide qu’Éric, savait qu’il ne comblerait pas en pilotage pur l’infériorité de la Kadett GTE. Il allait encore essuyer son lot de railleries de la part de Jacques et Luc qui s’entendaient comme larrons en foire, surtout quand ils tombaient à bras raccourcis sur une cible à faire tourner en bourrique.

 

Une proposition intéressante tomba du ciel.

 

- J’ai une solution, lança Franck au début d’un dîner auquel il avait confié Ronnie et Éric. J’étais en Belgique pour affaires ces derniers jours. En rentrant je suis passé par le garage Van Der Laren à Spa. Ils ont une Camaro légèrement accidentée de l’avant. C’est une maxi groupe 1, parfaite pour la course de côte et le circuit. Ils veulent la vendre 45.000 Francs. Je peux les faire baisser un peu. Ronnie, si ça te dit, je te sponsorise l’auto et la saison avec l’agence et le bar. Qu’est-ce que tu en penses ?

 

CAMARO-RONNIE.jpg

 

- C’est un trop beau cadeau, soupira Ronnie. Je ne le mérite pas. Tu fais ça parce que tu as pitié de moi. Je ne peux pas accepter.

 

- Si, tu le mérites. Nous ferons des opérations de pub avec ma Porsche et ta Camaro. Et il y aura une autre contrepartie. A défaut des 24 heures du Mans, nous ferons ensemble les 2 Heures du Mans et les 24 Heures du Paul Ricard réservées aux voitures de production. Alors, ça t’intéresse ?

 

- Tu parles que ça m’intéresse, s’était enthousiasmé Ronnie avec des yeux aussi brillants que ceux d’un gamin qui découvre un circuit Scalextric  sous le sapin de Noël.    

 

L’affaire avait été conclue tambour battant, la Camaro ramenée à Lorient, réparée, affutée, redécorée, essayée.

 

Ronan se réjouissait des sensations que lui offraient sa nouvelle bête de course.

 

- Dans la Camaro, la cavalerie du gros V8  fait vibrer le bitume quand tu écrases le champignon. L’échappement tonne  comme un avion à réaction. T’es collé au siège à l’accélération. En sortie de virage, tu contrôles les ruades du train arrière à coups d’accélérateur. Bon, si tu mets trop de gaz, les pneus fument et c’est moyen pour le chrono, mais au moins, tu fais plaisir au public.

 

Une stratégie guerrière

 

Ronnie inaugura sa nouvelle voiture de course à Hébécrevon. Cette épreuve présente la particularité de se dérouler sur une piste très large (c’était le cas sur toute sa longueur jusqu’en 1980). Un tracé en principe favorable à la puissante Camaro. L’arme principale de Ronnie, c’était son gros cœur. Il avait reçu le surnom de Ronnie en raison de son sens de l’attaque hors de commun. Ronnie s’inspirait du Suédois Ronnie Peterson, un des plus grands attaquants de toute l’histoire de la Formule 1. Il freinait tard, il prenait de gros appuis, n’hésitait pas à provoquer de larges dérives du train arrière à la ré-accélération.

 

CAMARO-RONNIE--2-.JPG   

Ronnie attendait beaucoup de cette première course de côte de la saison. Avec la puissante Chevrolet, il ne doutait pas de survoler la catégorie des voitures de tourisme. Énorme déception après les essais. Il ne pointait qu’en cinquième position derrière la Kadett GTE d’Éric, une Triumph Dolomite et deux Escort 2000 RS. Les pilotes d’Escort étaient eux-aussi déçus de la prestation, Jacques en tête. Ils réalisaient que l’Escort exigeait une période d’adaptation et de mise au point avant une bonne exploitation et la lutte pour engranger les victoires.

 

Dépité, Ronnie attaqua les montées de course le couteau entre les dents. La Camaro enchaînait de longues glissades en contrebraquage dans des angles impressionnants de courbe en courbe. Les pneus fumèrent à plusieurs reprises tant le pilote mettait d’énergie à appuyer sur le champignon. Le public l’applaudit chaleureusement. C’était lui qui faisait le spectacle. Le dimanche soir, les spectateurs se rappelaient de son nom alors que la plupart avaient déjà oublié les pilotes de protos et de monoplaces qui se disputaient la victoire au scratch. Mais Ronnie avait le moral dans les chaussettes. Sur la feuille des temps, il avait rétrogradé à la septième place. Comble de la honte, la Rallye 3 de Luc, une 1300 cm3, le devançait de trois dixièmes. Naturellement, Luc et Jacques ne le ratèrent pas.    

    RALLYE 3 HEBECREVON 

  - T’as oublié les recettes du pilotage pendant l’hiver ? rigola Luc.

 

- Non, ricana Jacques. C’est juste que la Camaro, c’est trop rapide pour lui. Tu as eu les yeux plus gros que le ventre, mon petit Ronnie. Troque la contre une Autobianchi ou reconvertis-toi dans la pêche à la ligne. Même si tu rentres bredouille, tu auras l’air moins ridicule.

 

Luc planta une nouvelle banderille.

 

- Ouais, la saison va être dure pour notre Ronnie, on dirait.

 

Ronan baissait la tête, incapable de soutenir la joute verbale, vaincu par l’ironie de Luc et de son allié. Franck serra les poings et jeta un regard noir aux moqueurs.  Éric jugea prudent d’intervenir avant que les choses dégénèrent. Il utilisa son talent de débatteur. Difficile de mettre Luc  en boite. Il remportait la catégorie des voitures de moins de 1300 cm3. Mais Jacques, c’était une autre affaire.

 

- Dis-donc Jacques, je serais toi, je ne la ramènerais pas trop, tu vois. Parce que si on regarde le classement en groupe 1, non seulement je gagne et je te colle une valise avec ma Kadett préparée pour le rallye, mais tu es aussi derrière la Dolomite de Christine Verrec, une Commodore et une autre Escort. Autrement dit, tu ne sais pas la conduire, ton Escort.

 

Le pilote de la Ford n’était pas très fier. Son grand copain Luc lui fit observer qu’il le talonnait et qu’il était bien meilleur pilote que lui. Jacques, requin blessé, devait fuir le champ de bataille pour ne pas se faire mettre en pièces sous les sarcasmes d’un Luc excité par l’odeur du sang (virtuel). Les deux compères abandonnèrent leur proie. Ronnie en conçut un vrai soulagement et Franck desserra les poings.

 

En visionnant des photos et un film super 8 de l’épreuve, Éric comprit les raisons de la mauvaise performance de Ronnie. Outre quelques réglages de suspensions perfectibles, le pilote de la Camaro attaquait tellement qu’il se freinait en glissant  à outrance. Il entreprit de le lui expliquer afin de rectifier le tir avant l’épreuve suivante, la fameuse course de côte de Saint-Germain sur Ille. Ronnie faisait souvent preuve d’une susceptibilité à fleur de peau. Seules deux personnes pouvaient tout lui dire sans qu’il se vexe, Éric et Franck. Il accepta donc les conseils de son ami et se promit de prendre sa revanche à Saint-Germain.    

    CAMARO-RONNIE-3.jpg   

    Ronnie aborda le week-end avec un nœud à l’estomac. Et si, en suivant les conseils d’Éric, c’était encore pire ? S’il terminait encore plus loin ? Si Luc l’humiliait une nouvelle fois avec sa petite Rallye 3 ? Si les railleries de Jacques reflétaient la vérité ? S’il n’était qu’un pilote normal, médiocre ? S’il échouait en course automobile comme jadis en lutte ? S’il n’était qu’un type moyen, ou pire, un éternel perdant ? Ses amis finiraient par s’en rendre compte, le rejeter, rallier le camp de ceux qui se moquaient de lui. Jamais une fille bien n’accepterait de partager sa vie. « Je dois me battre, réagit-il. Il faut que je leur montre à tous que je mérite qu’on m’aime et qu’on me respecte ».

 

Éric lui répéta plusieurs fois ses conseils.

 

- Tu te concentres sur tes trajectoires, tu évites de faire patiner les roues, tu glisses le moins possible et tout ira bien. En faisant ça, tu peux gagner le groupe ici.

 

Gagner, gagner, Ronnie n’y croyait pas trop. Faire un temps convenable, il l’espérait.

 

Les essais avaient lieu le dimanche matin. Deux montées par pilote. Comme Ronnie s’y attendait, Éric domina les débats. Sa Kadett GTE volait de virage en virage. Dans la  première courbe à droite, il faisait légèrement décoller les deux roues intérieures au passage du point de corde puis frôlait le rail extérieur en sortie. Au pont, il engageait la voiture avec une précision de métronome et réaccélérait une fraction de seconde avant tous ses adversaires. Dans le gauche à la fin de la montée, il passait en légère dérive des quatre roues, comme à un exercice d’école de pilotage. A l’épingle de la poste, le dernier virage, il sortait presque en appui contre les bottes de paille. Au final, le chrono traduisait sa position de favori. Mais surprise, le deuxième, c’était Ronnie, devant toutes les Escort, devant les Golf GTI, devant Luc !

 

- Tu vois, quand tu modères ton enthousiasme, tu joues les gros bras devant, encouragea Éric à l’heure du déjeuner.    

    J-AI-OUBLIE-DE-VIVRE-JPEG.png 

  Ronnie se sentait un peu rassuré. En plus, la sono du circuit diffusait J’ai oublié de vivre, un tube de Johnny, son chanteur préféré. Il avala son sandwich du déjeuner avec un meilleur appétit qu’à Hébécrevon.

 

La première montée de course réserva une nouvelle surprise. Éric et Ronnie signèrent exactement le même temps, au centième de seconde près. Ils laissaient tous leurs adversaires à près d’une seconde. Ronnie n’en croyait pas ses yeux. Avant d’aller se ranger sur la ligne de départ avant l’ultime montée, celle qui désignerait le vainqueur de leur catégorie, Éric lui donna une tape amicale dans le dos.

 

- Tu restes calme, tu te concentres, tu ne fais pas de complexe et tu doses ton attaque. J’ai confiance en tes capacités. Tu es un super bon. Si j’en avais douté, je n’aurais pas essayé de faire Le Mans avec toi.

 

Revalorisé, Ronnie reprit confiance en lui. Quoi qu’il arrive, il avait des amis qui ne le mépriseraient pas, qui ne  l’abandonneraient pas. D’ailleurs, Franck, à qui il restait un peu de temps avant d’amener sa Porsche au départ, venait aussi l’encourager. Rarement, Ronnie s’était senti aussi bien dans sa tête.

 

Malgré son amitié pour Ronnie, Éric ne lui fit pas de cadeau à la dernière montée. Il attaqua si fort qu’il gagna cinq centièmes sur son temps précédent. « Ce sera dur de faire mieux », se dit-il lorsqu’après avoir garé sa voiture dans le village. Il resta auprès de la Kadett GTE, écoutant les commentaires du speaker officiel pendant que Ronnie était en piste.

 

- Très beau passage de Le Mat dans le gauche en fer à cheval, hurlait le commentateur au micro. Après sa déconvenue d’Hébécrevon,  Ronnie a bien trouvé le mode d’emploi de sa Camaro. Attention à l’épingle de la Poste. Il freine tard le pilote de la Camaro. Mais ça passe. Légère dérive à l’accélération, sans faire fumer les pneus ni perdre du temps comme il y a quinze jours, et c’est fini. Le Mat a franchi la ligne d’arrivée. Mesdames, messieurs, impossible à l’œil nu de déterminer qui a fait la plus forte impression de Le Mat ou de Trélor. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ces deux garçons étaient les hommes forts du groupe 1 aujourd’hui.  Nous attendons le verdict du chrono.

 

Ronnie gara la Camaro derrière la Kadett GTE. Il enleva son casque, déboucla son harnais  et rejoignit Éric. Ils attendirent l’annonce du classement côte à côte.

 

- Voilà, le temps de Le Mat vient tombe à l’instant, reprit le speaker. Il améliore son précédent chrono de 8 centièmes, ce qui fait qu’il devance Trélor de 3 centièmes. Trélor remporte tout de même la catégorie des voitures de moins de 2 litres.

 

Ronnie tomba dans les bras  d’Éric avec l’enthousiasme d’un footballeur de Ligue 1 qui vient de marquer le but qui assure le gain du championnat. Jamais, il ne s’était senti aussi heureux. Franck avait eu raison de lui faire confiance, tout comme Éric, comme Freddy aussi qui lui assurait que même s’il restait un gentleman driver, il était un vrai pilote.     COUV-ECHAPP-jpeg.jpg 

    A la remise des prix ce soir-là, Ronnie ne baissa pas la tête, au contraire. Beau joueur, Luc le félicita de bon cœur. Il se doutait bien que la déroute d’Hébécrevon ne se reproduirait pas et que son camarade redresserait la barre. Jacques, lui, n’était pas resté à la cérémonie. Il avait loupé sa course et se classait derrière la Rallye 3 de Luc. Il n’arrivait décidément pas à trouver le mode d’emploi de l’Escort 2000 RS.

 

Cette édition de la Course de côte de Saint-Germain sur Ille réservait encore une jolie surprise à Ronnie, la photo de sa voiture dans Échappement, le magazine qui suivait régulièrement le sport automobile en France. Ironie du sort, c’était celui du mois de juin qui consacrait un dossier spécial aux… 24 Heures du Mans. Une petite consolation pour Ronnie que les dieux de la course automobile n’avaient pas tout à fait abandonné. D’autant que Luc ne prit pas non plus le départ des 24 Heures comme il l’avait longtemps laissé croire.

 

- C’était du bluff, avoua-t-il une semaine avant la classique mancelle. Je savais depuis début janvier que je n’aurais pas le budget. Je voulais juste faire enrager Ronnie.

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE      (mis à jour le 30 mai 2016)

 

DESIGNMOTEUR présente le Tourist Trophy http://www.designmoteur.com/2016/05/isle-of-man-tourist-trophy-programme/  

 

Ronnie freine trop tard et sort de la piste ; les premiers bobos en course http://bit.ly/1TPtP0s

 

Premier départ en course de côte http://bit.ly/1QOBHk0  

 

Thierry Le Bras    

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 17:43

 Quel enfant, quel adolescent n’a pas rêvé de s’intégrer dans l’univers qui le fascine, qu’il s’agisse du spectacle, de la mode, de la télé ou du sport ? Cette chance extraordinaire s’offrira à David, adolescent au moment des faits ci-dessous rapportés. Il évoluera dans le monde du sport automobile, naviguera son parrain Éric en rallye – ce qui est possible à partir de seize ans. Mais en jouant dans la cour des grands, David affrontera aussi des événements la hauteur des enjeux.  SILVERSTONE.jpg

Pilote amateur le week-end, Éric Trélor troquait sa combinaison ignifugée contre une robe d’avocat pendant la semaine. Et c’était en qualité de juriste qu’il conseillait son ami Freddy Vivien, un des grands animateurs de la F1. Une poignée de pilotes seulement figuraient parmi les champions du monde potentiels. Toutes les écuries de pointe gardaient un œil sur eux. Or cette année-là, le contrat de Freddy avec le Team Priceley arrivait à son terme.   DOLLARS-2.jpg

Éric affichait toujours la confiance en soi inébranlable qui caractérise les meilleurs avocats. Il négociait tous les contrats professionnels de Freddy. Ce dernier assista à de nombreuses réunions relatives à la défense de ses intérêts. Jamais Éric ne se laissa déstabiliser, même lorsqu’il réclamait des dizaines de millions de dollars à ses interlocuteurs. Il arrivait que Freddy doive faire appel à toute sa concentration pour dissimuler son angoisse face aux coups de bluff qu’osait Éric. Il se félicitait cependant de suivre ses conseils, car l’avocat sentait intuitivement les limites de ses interlocuteurs et parvenait à les y pousser, voire à leur arracher un effort supplémentaire.

 

Pour quelques millions de dollars de plus

 

L’écurie Priceley proposait quinze millions de dollars par an à Freddy. Les salaires des stars de la F1 n’atteignaient pas encore les chiffres actuels. Freddy souhaitait obtenir dix huit millions et savait qu’une autre équipe, moins performante mais dotée d’un budget confortable, signerait à seize millions. Certains pourraient considérer les salaires des pilotes excessifs. Mais il ne faut pas oublier qu’une carrière au plus haut niveau est courte, que les risques physiques sont importants, que les impôts en France ont presque toujours été écrasants et punitifs, et enfin que si les pilotes veulent engranger du blé, c’est aussi pour nourrir des projets. Tel était le cas de Freddy qui investissait beaucoup de ce que l’État ne lui confisquait pas dans la firme Vivia, petite entreprise bretonne qui fabriquait des voitures sportives et créait ainsi des emplois à proximité de Lorient. En outre, un millionnaire du loto ne se voit jamais reprocher sa fortune qui n’est due qu’au hasard. Pourquoi un sportif exceptionnel qui travaille tout le temps devrait-il avoir honte de sa valeur sur le marché ? Rien n’interdit aux jaloux d’essayer d’atteindre son niveau et de se vendre au meilleur prix.   PELOTON-F1.jpg

Plutôt que discuter pendant des semaines avec Tom Priceley, Éric mit un scénario au point. Il se rendit au Grand Prix de Silverstone avec David. Il ignora l’Anglais, se contentant de lui serrer la main poliment lorsqu’il le rencontrait le matin.

 

- Il faudrait que nous nous voyions bientôt pour parler de l’année prochaine, avança Tom le vendredi après-midi après les essais.

 

- Certes, certes, répondit distraitement Éric. Plus tard. N’imposons pas une pression supplémentaire à Freddy ce week-end. C’est déjà assez dur de se battre contre les McLaren et les Ferrari avec une Priceley cette année sans devoir négocier son salaire avec un team manager qui gémit comme si on le torturait au fer rouge dès qu’il entend le mot dollar.

 

Tom accusa le coup.

 

David joue son rôle et Éric enfonce le clou

 

« J’avais seize ans cet été-là, se souvient David. Compte tenu de mon âge, j’étais censé ne pas savoir dissimuler mes sentiments. J’en ai rajouté. J’ai agi comme si tout était fini entre Freddy et le Team Priceley. J’affichais un air boudeur dès que je croisais Tom et ses collaborateurs ».   MOTORHOME-FERRARI.jpg

« Je m’intéressais ostensiblement à la Scuderia. Je rôdais autour de leur stand et de leur motor-home. Je prenais plein de photos des Ferrari. Je m’efforçais de discuter avec les jeunes qui accompagnaient l’équipe. »

 

Le samedi matin, Éric s’afficha avec le patron des rouges dans le paddock de Silverstone, puis il laissa échapper devant des journalistes que la couleur de la combinaison de Freddy changerait peut-être la saison suivante.       COMBINAISON.jpg

Les rumeurs circulent très vite dans le milieu de la F 1. Dès le lendemain, la presse sportive mondiale évoquait l’arrivée du pilote français chez le constructeur de Maranello. « Vivien vengera-t-il son ami Pironi ? lisait-on en première page de couverture d’un grand quotidien national. Sera-t-il le premier Champion du monde français au volant d’une Ferrari ? ».

 

Tom est à point

 

Du côté de Modène, où on discutait les salaires des pilotes au titre de la saison suivante, personne ne démentit l’information. Les pilotes des voitures rouges se montreraient moins exigeants s’ils sentaient la menace de se voir remplacés par un champion du monde. Le jeu des chaises musicales et de la chasse aux baquets inquiète traditionnellement les pilotes et leurs agents. Éric pariait sur ce phénomène. Il ne lui restait plus qu’à attendre que l’employeur de Freddy soit à point pour entamer une négociation. Cela ne demanda que quelques heures.   THE-RITZ.jpg

Freddy, Éric et Tom se rencontrèrent discrètement dans un grand hôtel de Londres dès le lundi après-midi suivant le Grand-Prix.   CONTRAT.jpg

Éric négocia finalement vingt trois millions de dollars pour chacune des deux saisons suivantes en faisant croire à Tom que s’il refusait, Freddy signerait immédiatement chez Ferrari. L’Anglais s’inclina, soucieux de conserver la collaboration de son pilote vedette et disposé à consentir un effort notable pour éviter de le retrouver comme adversaire. Éric bluffait. Aucune négociation n’avait jamais été entamée avec Ferrari.   PRICELEY-F1.jpg

« Je n’assistais pas à l’entretien, rapporte David. J’étais trop jeune. J’attendais dans un autre hôtel. Quand Freddy et Éric me rejoignirent, je compris à leurs sourires qu’ils avaient obtenu gain de cause. J’étais content. Nous souhaitions que la carrière de Freddy reste liée à l’écurie de Tom Priceley, un peu comme Jim Clark avec Lotus. Nous savions qu’à défaut d’accord avec Tom, Freddy retrouverait tout de suite un bon volant, mais ce n’était pas le but recherché. »

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE

 

L’auto-école en Lotus http://bit.ly/1Q5ghzu

 

La fan du pilote http://bit.ly/1pNE7oX  

 

Et Ronnie freina trop tard http://bit.ly/1TPtP0s  

 

Thierry Le Bras  

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 12:02

     Vécu le lundi 5 février 2007 à 23 heures lors d’une soirée parisienne. Les frères Phil et Loric Van Blumberg, amis et clients de Maître David Sarel organisent une réception au Pré Catelan. Il s’agit d’une opération de communication destinée à assurer la promotion de leur joaillerie installée place Vendôme.   BOULOGNE-BY-NIGHT.jpg

Soudain, un convive s’approche de David. Il s’agit d’un homme brun d’environ trente-cinq ans. Grand, cheveux frisés un peu longs, très élégant. David le connaît. Son interlocuteur s’appelle Bertrand Bonnert. Il possède des salons de massage et d’esthétique ainsi que des clubs de rencontres. Bertrand est un client attitré de David. Jamais de problèmes de droit du travail dans les sociétés de Bertrand Bonnert. On règle les affaires en famille avec les filles. En sa qualité d’avocat, David s’occupe du fonctionnement des sociétés, des négociations d’emplacements, des renouvellements de baux commerciaux… Il fait intervenir son associé Stéphane Larivière quand le fisc embête Bertrand ou une de ses amies. En vérité, David suspecte Bertrand d’apporter sa protection à quelques petites qui racolent un peu. Bertrand semble aussi prêter des appartements de son parc immobilier à d’autres jeunes femmes que la solitude conduit à inviter des hommes – voire parfois d’autres femmes - pour partager quelques heures de détente…

 

De temps en temps, maître Sarel s’indigne face aux dénonciations qui conduisent son client devant un juge d’instruction. Des calomnies, des allégations mensongères et sordides formulées par des jaloux qui ne manquent pas d’audace et accusent Bertrand de proxénétisme ! Les gens sont si méchants de nos jours. Jusqu’à présent, aucun soupçon n’a résisté aux arguments juridiques de maître Sarel. Les délits ne sont jamais constitués. Il manque toujours l’élément matériel ou l’élément légal. Et comme aucune fille n’a jamais témoigné… Une fois, une petite venue de Lettonie passer quelques semaines de vacances – c’est en tout cas ce qui se déduisait de son visa touristique - a bavé auprès d’un lieutenant des mœurs. Personne ne l’a jamais revue.

 

- Elle dû repartir dans son pays sans laisser d’adresse, rigole Bertrand. Je lui pardonne ses errances. Je pense qu’elle rêvait de participer au Concours de l’Eurovision et qu’elle s’est trompée d’adresse. Après ça, la Lettonie va encore nous faire le coup du France, zéro point (prononcé à l’anglaise et avec l’accent s’il vous plait).   LIASSE-DE-BILLETS.jpg

Bertrand Bonnert est un homme de bonne compagnie qui fréquente assidûment la Jet Set. C'est un très bon client. Il paye ses honoraires rubis sur l’ongle. Disposant de liasses d’argent liquide qu’il n’a pas le temps de confier aux soins des banquiers, il ne demande une facture que pour la moitié du prix. La paperasserie, c’est tuant. David apprécie et trouve Bertrand hyper-sympa.

 

- Penses-tu qu’une loi d’amnistie va éponger les infractions routières après les présidentielles ? demande Bertrand Bonnert à son avocat. En d’autres termes, crois-tu qu’on puisse se lâcher sans risque sur les autoroutes et arrêter de payer le stationnement ?

 

- Franchement non, répond David. Je suis convaincu que la loi d’amnistie sera restrictive cette année et qu’elle exclura les infractions routières, surtout les excès de vitesse. Le stationnement, je ne sais pas, mais les principaux candidats ont fait les cakes en stigmatisant la bagnole, alors. Ils sont tous prêts à bouffer l’automobiliste tout cru. Après le vote, l’élu passera les conducteurs à la casserole, histoire de montrer qu’il applique ses recettes au goût fiscal et amer.   MASERATI.jpg

- Bon, ben je continue à utiliser les fausses plaques sur la Maserati alors, ajoute Bertrand.

 

- Pardon ? s’enquiert David.

 

- J’ai fait installer un gadget marrant, répond son interlocuteur. Un truc inspiré de James Bond. Mes plaques sont réversibles. J’ai d’un côté le vrai numéro, et de l’autre le faux. Quand je me gare sans payer ou que je bourre sur l’autoroute, j’actionne la manette qui retourne la plaque et fait apparaître le faux numéro.

 

- C’est un peu dangereux, objecte David. Si tu te fais arrêter avec les fausses plaques, tu te retrouveras en garde à vue.

 

- J’ai tout prévu, réplique Bertrand. Le numéro de la fausse plaque reprend les chiffres de la vraie, mais dans le désordre. 57 au lieu de 75, 7214 au lieu de 1472. Au niveau des lettres, un M est devenu N. Je prétendrai que le mec qui montait les plaques était dyslexique, c’est tout.

 

- Astucieux, reconnaît David. Mais n’en abuse pas quand même. Il arrive que les flics s’acharnent bêtement sur des histoires d’excès de vitesse.

 

QUELQUES LIENS CYNIQUES A SUIVRE

 

Vous pouvez retrouver David Sarel et les frères Van Blumberg dans mon roman Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans. Car bien sûr, ceci est une fiction cynique. Dans la vraie vie, jamais un candidat aux présidentielles n’aurait l’idée saugrenue de s’en prendre aux automobilistes :

http://www.endurance-info.com/article.php?sid=2844

 

Quand les politiques de notre pays prennent le volant

http://circuitmortel.hautetfort.com/tag/renault%20espace%20f1

 

Pour une relance décomplexée du plaisir automobile en 2012

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2011/12/27/2012-l-annee-de-la-relance-decomplexee-du-plaisir-automobile.html

 

Thierry Le Bras  

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 18:19

Précisons tout de suite, la Dauphine dont il est question est un modèle de voiture produit par Renault jusqu’au milieu des années soixante et pas une des perdantes de l’élection de Miss France longtemps organisée par madame de Fontenay.   CHAPEAU-CAPELINE.jpg

J’ai préféré appeler la dame au chapeau « madame » plutôt que « la Belle de Fontenay » car la dame en question pourrait être vexée de se voir désignée par le nom d’une patate, même si elle est intronisée membre de la Confrérie de l’andouille de Vire. Non, si madame de Fontenay fut sans doute une belle plante dans sa jeunesse, elle n’a rien d’un légume et c’est un pur hasard si son compagnon, avec qui elle organisa les concours de Miss, s’appelait… monsieur Poirot. Heureusement, l’orthographe du sieur Poirot ne correspond pas à celle du légume qui s’associe si bien aux pommes de terre dans la soupe.

 

Une miss en détresse

 

La jeune femme en détresse au bord de la D 152 qui relie Larmor Plage à Ploemeur aurait mérité de concourir pour le titre de Miss France 1968. Élancée, bronzée par le soleil de juillet, elle regardait avec tristesse sa Dauphine garée à cheval sur le bas-côté. Une légère brise faisait flotter ses longs cheveux bruns. Avec sa minijupe à carreaux et son chemisier de soie blanc, elle ressemblait un peu à Françoise Hardy.   AFFICHE-GRAND-PRIX.jpg

    Or, Ronan était un fan absolu de l’icône deSLC Salut les copains depuis qu’il l’avait vue dans Grand-Prix, le film de John de Frankenheimer. Il considérait que Jean-Marie Périer, le photographe des vedettes, était un sacré veinard. Non seulement il mettait Françoise en valeur dans les magazines, mais en plus il avait partagé sa vie ! Il n’était pas difficile d’imaginer l’apparition miraculeuse chantant  Tous les garçons et les filles. L’idée traversa immédiatement l’esprit de Ronan lorsqu’il aperçut la belle.   MOBPEUGEOT1.jpg

Le garçon déboulait plein gaz au guidon de sa mobylette Peugeot au look de petite moto vrombissante.  Quatre ans avaient passé depuis l’épisode raconté dans Première sortie de piste pour Ronan.

(cf. http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-premiere-sortie-de-piste-pour-ronan-86011129.html  ).

La petite bande avait quitté l’enfance pour entrer de plain-pied dans l’adolescence. Ronan avait quinze ans. Avec ses cheveux blonds qui lui couvraient les oreilles et son visage parsemé de taches de rousseur, il conservait un air espiègle. Il s’était étoffé mais, malgré un physique solide, il manquait de confiance en lui. La vie ne l’épargnait pas  et il se sentait la cinquième roue du carrosse dans sa famille. Heureusement qu’il avait de bons copains. Tous les soirs de cette période estivale, après son travail à l’atelier de carrosserie de Lanester, il rejoignait André, Freddy et Éric qui campaient à Ploemeur sous la surveillance – ou plutôt avec la complicité - d’un nouveau retraité, Victor Le Guénan, le truculent grand-père d’Éric. Les copains de Ronan étaient lycéens. Lui entrait dans la vie active. Mais pour rien au monde, il n’aurait renoncé à camper avec eux l’été.  

TENTE-CANADIENNE.jpg

    Tant pis s’il fallait se lever tôt le matin afin d’aller travailler. Se baigner et jouer au volley avant de dîner, chanter du Johnny, du Eddy Mitchell, du Hugues Auffray au son d’une guitare pas trop bien accordée autour du feu de camp, plaisanter avec ses amis, passer des moments inoubliables avec eux valait bien quelques kilomètres de route en plus et quelques minutes de sommeil en moins. D’autant qu’au camping, il y avait de jolies filles et que comme tout adolescent, Ronan draguait volontiers. La belle en détresse au bord de la route surclassait les adolescentes auprès desquelles il affutait ses armes de séducteur. Beaucoup de filles de son âge cherchaient à séduire en sur-jouant un rôle de starlette. Ronan en connaissait qui rivalisaient d’exhibitionnisme mental afin d’attirer l’attention. Elles faisaient des manières, parlaient haut, riaient trop fort, évoquaient avec orgueil un avenir radieux de coiffeuse, voire d’esthéticienne... La femme à côté de laquelle il se garait paraissait sereine, sûre de plaire. C’était une déesse  pleine de classe, incroyablement attirante.  DAUPHINE2.jpg

Ronan immobilisa sa mobylette devant la Dauphine. Un parfum qu’il n’identifia pas mit tous ses sens en émoi. C’était du N°5 de Channel. Ronan ne l’oublierait jamais. Quelques années plus tard, la même senteur voluptueuse suivrait une conquête de Freddy. Ronan oserait lui demander le nom de son parfum et repenserait à la superbe créature à la Dauphine.

 

Ronan descendit de sa petite moto.

 

- Je peux vous aider ? proposa-t-il à l’apparition féérique.

 

- Je ne sais pas. Je suis en panne. Si vous vous y connaissez…

 

Ronan, un spécialiste des Dauphine

 

Ronan eut envie de mentir, de prétendre qu’il ne connaissait rien aux voitures, qu’il n’arriverait  jamais à la réparer, mais qu’il  pouvait amener la jeune femme quelque part. Il l’imagina derrière sur la mobylette, serrée contre lui, l’ensorcelant avec  son subtil parfum de déesse tombée du paradis. Mais Ronan était un gentleman, un seigneur qui n’aurait pas trompé la confiance d’une femme.

 

- Je me prépare à devenir carrossier et j’adore les voitures, répondit-il. En plus, je connais bien les Dauphine. J’ai un copain qui en a une et c’est moi qui l’entretiens. Si quelqu’un peut vous dépanner sur place, c’est moi.   DAUPHINE-GORDINI.jpg

C’était vrai. La bande avait sympathisé avec Pierrick Bellec, un jeune capitaine des Fusillés marins basé à Lann Bihoué. Pierrick possédait une Dauphine Gordini de mille neuf cent soixante-trois. Spécialiste du close combat, le militaire était un sportif accompli qui n’avait peur de rien. Il faisait partie des héros de Ronan, au même titre que les pilotes Giacomo Agostini et Bruce McLaren, le boxeur Jo Frazier ou l’acteur Lino Ventura. En plus, Pierrick, il le connaissait, c’était son copain, tandis que les autres, il avait peu de chance de les rencontrer un jour. Alors, l’adolescent morbihannais aurait considéré comme une insulte de ne pas être chargé de l’entretien de la Dauphine Gordini. Il la soignait  aux petits oignons. Ronan rêvait que Pierrick la conserverait encore trois ans. A cette époque-là, il aurait dix-huit ans. La Dauphine Gordini ne coterait plus très cher à l’argus. Il la rachèterait. L’auto du copain qu’il admirait deviendrait sa première voiture. Avec la Dauphine Gordini blanche à bandes bleues, il ferait des ravages auprès des filles !

 

Ronan se dirigea vers l’arrière de la Dauphine et souleva le capot.

 

- Oh ben ça alors, Renault a prévu un moteur de secours à l’arrière, s’enthousiasma la belle. Je suis sauvée. Je vais pouvoir repartir.

 

Ronan réprima son envie de rire. Pas question de la vexer. En outre, il était conscient que si elle l’interrogeait sur la mode, il commettrait des bourdes aussi énormes que l’ignorance de la place d’un moteur Renault.

 

- Pas tout à fait, corrigea-t-il. Contrairement à la 2 cv, à la DS, aux Panhard, aux Aronde et à plein d’autres modèles, la Dauphine a le moteur à l’arrière. Vous l’avez depuis longtemps ?

 

- Non, une semaine. C’est ma première voiture. J’ai appris à conduire sur une 4L à l’auto-école. Avant de l’acheter, j’empruntais la 3 cv de ma mère de temps en temps. Ou la 204 de mon fiancé. Mon père n’a jamais voulu me laisser conduire sa 404.

 

Ah, elle était fiancée…  La nouvelle ne surprit pas Ronan au fond. C’eût été impensable qu’une aussi jolie fille soit libre. Les miracles n’existaient qu’au catéchisme et dans les contes de fées. Ronan était trop grand pour les histoires relevant des deux catégories.   DAUPHINE1.jpg

- C’est grave ? s’inquiéta la belle.

 

- Je ne crois pas, non. Juste un problème de tête de delco qui a dû bouger avec les vibrations de la route. Essayez  de remettre en route.

 

La belle tourna la clé de contact. Le moteur démarra au quart de tour. Elle le laissa tourner mais redescendit de voiture. Ronan avait fermé le capot. Il avança vers elle. Il avait les mains noires et se sentait embarrassé.

 

- Attendez, j’ai quelque chose pour vous.

 

La belle remonta dans la Dauphine, puis en ressortit avec un très joli sac à main en cuir fauve. Elle tendit des mouchoirs en papier à Ronan qui s’essuya consciencieusement les mains. Ils s’observaient  sans parler.

 

- Qu’est-ce que je peux faire pour vous remercier ? interrogea la belle.

 

- Acceptez de prendre un verre avec moi, osa Ronan.

 

Il s’était lancé, certain de se faire envoyer balader. Elle le regarda en souriant. il devina qu’elle n’était pas insensible à son charme et en conçut une soudaine fierté. Elle soupira.   FRANCOISE-HARDY.jpg

    - Vous êtes un jeune homme charmant et franchement craquant. Mais je ne peux pas. Je suis fiancée, je me marie dans quinze jours et nous partons en voyage de noces en août.

 

- Il a de la chance.

 

- Je suis sûr que vous avez plein de copines qui vous dévorent des yeux dès que vous approchez d’elles.

 

- Pas faux, mais aucune ne vous arrive à la cheville.

 

- Un de ces jours, une fille vous éblouira tellement que vous ne vous souviendrez même pas de notre rencontre.

 

- Ça m’étonnerait que je puisse vous oublier. Comment vous appelez-vous ?

 

- Noëlle. Mes parents voulaient m’appeler Françoise, mais je suis née un 24 décembre. Ils y ont vu un signe et m’ont appelée Noëlle.

 

Elle s’approcha un peu plus de lui, posa une main sur son bras  et l’embrassa sur la joue. Ils rougirent tous les deux. Puis elle remonta en voiture, ferma la portière, enclencha la première et s’enfuit vers son destin. Ronan n’avait pas bougé. Il avait juste reculé de quelques centimètres pour qu’elle puisse démarrer sans lui rouler sur les pieds. Sa dernière vision de la déesse fut le chapeau blanc à rayures bleues (presque comme une Gordini) posé sur le siège arrière de la Dauphine. Il ne profita pas du spectacle de la petite Renault s’éloignant sur la route. Un car de tourisme qui ramenait une troupe de gamins chahuteurs à la colonie de vacances la lui masqua tout de suite. Il ne prêta pas attention aux plus délurés qui, assis au fond du bus, lui faisaient des grimaces. Les pauvres gosses, ils ne savaient pas encore apprécier la grâce et la classe d’une femme sublime.

 

Comme un pauvre moto-boy solitaire

 

Ronan remonta sur sa mobylette. Jamais il n’avait encore ressenti un tel émoi en présence d’une fille. Il était à la fois triste et émerveillé.   MOBPEUGEOT2.jpg

    Après le dîner, il se confia à Éric.

 

- Si j’avais l’âge de Pierrick et si j’étais aussi costaud que lui, elle aurait accepté mon invitation, enragea l’amoureux déçu. Elle aurait peut-être quitté son fiancé. Elle a ressenti quelque chose pour moi, j’en suis sûr. Seulement, je suis trop jeune. Je ne peux pas encore la protéger ni prendre soin d’elle.

 

- Sans doute, approuva Éric. Tu l’as touchée. La preuve, elle ne savait pas Comment te dire adieu. Sous aucun prétexte, elle ne voulait avoir de réflexe malheureux. Elle a dû être bien perplexe avant de se résoudre aux adieux… Vois le bon côté des choses. Tu as quinze ans et tu as plu à une femme comme elle qui ressemble à Françoise Hardy. Tous les espoirs te sont permis. Le temps va passer vite. Dans quelques années, tu serreras dans tes bras des femmes superbes comme Françoise Hardy, Anouk Aimée, Brigitte Bardot, Claudia Cardinale, Mia Farrow…

 

- Puisses-tu dire vrai, soupira Ronan. Moi pour un peu, ce serait derrière un Kleenex que je saurais mieux comment lui dire adieu… Cette dame au chapeau avec sa Dauphine, c’était… C’était un vrai conte de fée.

 

- Non, c’était un conte de Noëlle, plaisanta Éric.

 

Ronan aurait beau s’arrêter un quart d’heure chaque soir au lieu de leur rencontre fortuite les jours suivants, il ne reverrait pas Noëlle. Ni l’été mille neuf cent soixante-huit, ni plus tard. Il ne l’oublierait pourtant jamais. Mais dès la fin du mois de juillet, les baisers de Marylène, dix-sept ans, rendraient plus douce la peine provoquée par la fuite de Noëlle.

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE

 

D’autres émois estivaux, à La Baule les Pins

http://circuitmortel.com/2016/05/navigateur-au-rallye-de-la-baule-1969/  

 

Ronan contre la mère Poupoune  http://0z.fr/SBfWH

 

Sensations extrêmes, souffrance, jouissance, ou le résumé d’une vie de pilote http://bit.ly/1R9OCsP

 

Thierry le Bras  

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  • Mon nom : Thierry Le Bras. Profession :  chroniqueur, écrivain, consultant. Ma passion, décrypter les mécanismes psychologiques qui animent les personnes les plus attachantes comme les plus dangereuses. Surtout dans des univers cyniques...
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